Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/476

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils se trompent en vers comme les autres hommes ;
Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans,
Qu’à de méchans auteurs ils font de beaux présens.

CHAPELAIN.

Ne parlons point du choix dont votre esprit s’irrite :
La cabale l'a fait plutôt que le mérite.
Vous choisissant, peut-être on eût pu mieux choisir ;
Mais le roi m’a trouvé plus propre à son désir.
A l’honneur qu’il m’a fait ajoutez-en un autre :
Unissons désormais ma cabale à la votre.
J’ai mes prôneurs aussi, quoiqu’un peu moins fréquens
Depuis que mes sonnets ont détrompé les gens.
Si vous me célébrez, je dirai que La Serre
Volume sur volume incessamment desserre,
Je parlerai de vous avec monsieur Colbert,
Et vous éprouverez si mon amitié sert.
Ma nièce même en vous peut rencontrer un gendre.

LA SERRE.

A de plus hauts partis Phlipote doit prétendre ;
Et le nouvel éclat de cette pension
Lui doit bien mettre au cœur une autre ambition.
Exerce nos rimeurs, et vante notre prince ;
Va te faire admirer chez les gens de province,
Fais marcher en tous lieux les rimeurs sous ta loi,
Sois des flatteurs l’amour, et des railleurs l’effroi.
Joins à ces qualités celle d’une âme vaine :
Montre-leur comme il faut endurcir une veine,
Au métier de Phébus bander tous les ressorts,
Endosser nuit et jour un rouge justaucorps,
Pour avoir de l’encens, donner une bataille,
Ne laisser de sa bourse échapper une maille ;
Surtout sers-leur d’exemple, et ressouviens-toi bien
De leur former un style aussi dur que le tien.