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D’un Le Vayer[1] épais Giraut est renversé ;
Marineau, d’un Brébeuf[2] à l’épaule blessé,
En sent par tout le bras une douleur amère,
Et maudit la Pharsale aux provinces si chère.
D’un Pinchêne in-quarto Dodillon[3] étourdi
A longtemps le teint pâle et le cœur affadi.
Au plus fort du combat le chapelain Garagne,
Vers le sommet du front atteint d’un Charlemagne[4]
(Des vers de ce poëme effet prodigieux !),
Tout prêt à s’endormir, bâille et ferme les yeux.
A plus d’un combattant la Clélie[5] est fatale :
Girou dix fois par elle éclate et se signale.
Mais tout cède aux efforts du chanoine Fabri[6]:
Ce guerrier, dans l’Église aux querelles nourri,
Est robuste de corps, terrible de visage,
Et de l’eau dans son vin n’a jamais su l’usage.
Il terrasse lui seul et Guibert et Grasset,
Et Gorillon la basse, et Grandin le fausset,
Et Gerbais l’agréable, et Guérin l’insipide.
EtDes chantres désormais la brigade timide
S’écarte, et du palais regagne les chemins.
Telle, à l’aspect d’un loup, terreur des champs voisins,
Fuit d’agneaux effrayés une troupe bêlante ;
Ou tels devant Achille, aux campagnes du Xanthe,
Les Troyens se sauvoient à l’abri de leur tours :

  1. La Mothe Le Vayer.
  2. Brébeuf, traducteur de la Pharsale.
  3. Dodillon, chantre de la Sainte-Chapelle, devenu imbécile dans les dernières années de sa vie.
  4. Poëme de Louis le Laboureur.
  5. Roman de Mlle de Scudéri en dix volumes.
  6. Fabri pour Le Febvre, conseiller clerc, homme très-violent. Quant à Girou, c’est, dit-on, un nom supposé, ainsi que Guibert, Grasset, Gorillon, Grandin, Gerbais, Guérin.