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Et, pour se faire ouvrir, déjà frappe à la porte.
EtSi le pécheur, poussé de ce saint mouvement,
Reconnoissant son crime, aspire au sacrement,
Souvent Dieu tout à coup d’un vrai zèle l’enflamme ;
Le Saint-Esprit revient habiter dans son âme,
Y convertit enfin les ténèbres en jour,
Et la crainte servile en filial amour.
C’est ainsi que souvent la sagesse suprême
Pour chasser le démon se sert du démon même.
PoMais lorsqu’en sa malice un pécheur obstiné,
Des horreurs de l’enfer vainement étonné,
Loin d’aimer, humble fils, son véritable père,
Craint et regarde Dieu comme un tyran sévère,
Au bien qu’il nous promet ne trouve aucun appas,
Et souhaite en son cœur que ce Dieu ne soit pas :
En vain, la peur sur lui remportant la victoire,
Aux pieds d’un prêtre il court décharger sa mémoire ;
Vil esclave toujours sous le joug du péché,
Au démon qu’il redoute il demeure attaché.
L’amour, essentiel à notre pénitence,
Doit être l’heureux fruit de notre repentance.
Non, quoi que l’ignorance enseigne sur ce point,
Dieu ne fait jamais grâce à qui ne l’aime point.
À le chercher la peur nous dispose et nous aide ;
Mais il ne vient jamais, que l’amour ne succède.
Cessez de m’opposer vos discours imposteurs,
Confesseurs insensés, ignorans séducteurs,
Qui, pleins des vains propos que l’erreur vous débite,
Vous figurez qu’en vous un pouvoir sans limite
Justifie à coup sur tout pécheur alarmé,
Et que sans aimer Dieu l’on peut en être aimé.
EtQuoi donc ! cher Renaudot, un chrétien effroyable,
Qui jamais, servant Dieu, n’eut d’objet que le diable,
Pourra, marchant toujours dans des sentiers maudits,