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ÉPÎTRE X[1].

1695.

À MES VERS.

DÉTAILS DE LA VIE DE L’AUTEUR.


AlJ’ai beau vous arrêter, ma remontrance est vaine,
Allez, partez, mes vers, dernier fruit de ma veine.
C’est trop languir chez moi dans un obscur séjour :
La prison vous déplaît, vous cherchez le grand jour ;
Et déjà chez Barbin[2], ambitieux libelles,
Vous brûlez d’étaler vos feuilles criminelles.
Vains et foibles enfans dans ma vieillesse nés,
Vous croyez sur les pas de vos heureux aînés
Voir bientôt vos bons mots, passant du peuple aux princes,
Charmer également la ville et les provinces ;
Et, par le prompt effet d’un sel réjouissant,
Devenir quelquefois proverbes en naissant.

  1. Boileau avait près de soixante ans quand il composa cette épitre, pour laquelle il eut toujours une grande prédilection, et qu’il intitulait lui-même ses inclinations.
  2. Libraire du Palais.