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BOILEAU.

penser que je puisse exciter quelque scandale dans l’Église, en traitant de ridicules des propositions rejetées de toute l’Église, et plus dignes encore, par leur absurdité, d’être sifflées de tous les fidèles, que réfutées sérieusement. C’est ce que je me crois obligé de dire pour me justifier. Que si après cela il se trouve encore quelques théologiens qui se figurent qu’en décriant ces propositions j’ai eu en vue de les décrier eux-mêmes, je déclare que cette fausse idée qu’ils ont de moi ne sauroit venir que des mauvais artifices de l’équivoque, qui, pour se venger des injures que je lui dis dans ma pièce, s’efforce d’intéresser dans sa cause ces théologiens, en me faisant penser ce que je n’ai pas pensé, et dire ce que je n’ai point dit.

Voilà, ce me semble, bien des paroles, et peut-être trop de paroles employées pour justifier un aussi peu considérable ouvrage qu’est la satire qu’on va voir. Avant néanmoins que de finir, je ne crois pas me pouvoir dispenser d’apprendre aux lecteurs qu’en attaquant, comme je fais dans ma satire, ces erreurs, je ne me suis point fié à mes seules lumières ; mais qu’ainsi que je l’ai pratiqué, il y a environ dix ans, à l’égard de mon épitre de l’Amour de Dieu, j’ai non-seulement consulté sur mon ouvrage tout ce que je connois de plus habiles docteurs, mais je l’ai donné à examiner au prélat de l’Église qui, par l’étendue de ses connoissances et par l’éminence de sa dignité, est le plus capable et le plus en droit de prescrire ce que je dois penser sur ces matières : je