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362 NOTES DU LIVRE HI.

z Tu demandes quel a été le motif’déterminant de Dieu ? Sa bonté. Platon dit formellement : Quelle raison a porté Dieu à créer le monde ? Il est bon. Un être bon est incapable d’envie ; voilà pourquoi il a fait le monde le meilleur possible. n

Nous ne pouvons résister au désir de citer ici les réflexions pleines de sens et empreintes d’un profond sentiment religieux que ce passage remarquable a inspirées à l’illustre traducteur de Platon : Voilà des lignes bien simples et bien profondes et qui appartiennent en propre à Platon. Awant lui, l’idée la meilleure que l’esprit humain se fût encore formée de Dieu, était celle d’une intelligence, le Noüg d’Anaxagoras. Auaxagoras expliquait par le Noü ; comment le monde a été formé tel qu’il est, ordonné et harmonique dans toutes ses parties. Platon explique pourquoi le monde a été ainsi formé, et il en donne la vraie raison, à savoir une intelligence douée de bonté, qui se complaît à se répandre hors d’elle-même, et à communiquer ses divins attributs. De là l’expression de père, que Platon donne en cet endroit à l’auteur de l’umvers. au......... Chez Aristote, ce caractère de bonté semble manquer à Dieu. Dans la Métaplgysiguc (liv. XII), la bonté de Dieu est déduite de Sa nécessité. Si le premier moteur immuable est nécessaire, il est bon ; ce qui ne veut pas dire qu’il possède l’attribut moral de la bonté, mais qu’il possède le bien, le bonheur parfait. Ainsi, tout bonheur vient de Dieu, qui en est le principe suprême ; mais Aristote ne dit pas que Dieu le répand lui-même par sa volonté.

Plus tard, au sein du christianisme, s’est élevée une autre doctrine, bien différente de celle de Platon, et qui a prétendu et prétend même · encore être la seule doctrine chrétienne orthodoxe ; je veux parler de la doctrine d’Ocham, qui, à lorce de revendiquer la volonté divine, la sépare presque de l’intelligence et de la bonté, et fait créer le monde à Dieu tel qu’il est, uniquement parce qu’il lui a plu de le faire ainsi, par un acte entièrement arbitraire, sa11s regard à l’idée du juste et du bien. Mais c’est prétendre que Dieu a fait le monde par un acte de vouloir destitué de tout penser, ce qui est impossible, absurde, impie. Dieu n’est qu’en tant qu’il pense, et sa pensée éternelle, c’est l’i(lée même du ’bien, du juste, etc.... ; c’est avec sa pensée, avec ses idées, au sens platonicien, qu’il veut et qu’il agit ; et, en agissant, il les imprime à ses œuvres. Le monde est donc empreint des idées, c’est-à-dire des pensées de Dieu. Le monde réalise le plan divin, le plan que Dieu a suivi et voulu suivre en formant le monde, par cette grande et dernière raison, à savoir, que Dieu est bon. Ainsi, deux mille ans après Platon, nous pouvons dire encore : et Quiconque instruit par des hommes sages, admettra ceci comme la raison principale de l’origine et de la formation du monde, sera dans le vrai. »

(V. Consuv, Rem. sur le Timéc.)

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