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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. V. 299 nèbres ; mais je commencerai par lever les difficultés qui te troublent.

Je te demanderai d’abord pourquoi tu ne tiens pas plus de compte de cette solution, à savoir que la prescience ne produit pas la nécessité des événements futurs, et que, par conséquent, elle ne gêne en rien le libre arbitre. Car de quel argument conclus-tu la nécessité des événements futurs, sinon de celui-ci, que ce qui a été prévu ne peut pas ne pas arriver ? Mais si la prescience ne détermine en rien la nécessité des événements, comme tu l’as reconnu tout à l’heure, comment des événements volontairement produits deviendront-ils nécessaires ? Permets-moi une hypothèse qui te fera mieux comprendre la suite. Supposons donc qu’il n°y ait pas de prescience : est-ce que, dans cette supposition, les événements, déterminés par une volonté libre, seraient soumis à la nécessité ? Pas le moins du monde. Supposons maintenant que la prescience existe, mais sans action nécessaire sur les événements : la volonté, j’imagine, conservera sa liberté. intacte et absolue. Mais, diras-tu, bien que la prescience ne soit pas la cause déterminante des événements futurs, elle est du moins le signe que ces événements doivent nécessairement arriver. Mais, selon ce raisonnement, ’ alors même que la prescience n’existerait pas, la nécessité des événements futurs n’en serait pas moins établie : car un signe, quel qu’il soit, indique seulement ce qui est, mais ne crée pas ce qu’il indique. Il faut donc commencer par établir que tout arrive par l’effet d’une nécessité absolue, si l’on veut montrer que la prescience est la marque de cette’nécessité : car si cette nécessité n’existe pas, la prescience à son tour ne peut exister comme signe diune chose qui n’existe pas. D’ailleurs, quand on veut solidement prouver l’existence d’une chose, ce n’est ni par des signes, ni par des arguments extrinsèques qulon la démontre, mais bien par les rai-