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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. V. 291 pour mettre à néant la liberté de l, h0IIlIl1€. Puis, que des événements produits dans le temps soient la cause d’une prescience éternelle, quelle absurdité S’imaginer. que Dieu prévoit les choses futures parce qu’elles doivent arriver, n’est-ce pas penser tout à fait que les événements accomplis dans le passé sont la cause de sa souveraine Providence ? Outre cela, de même que quand je suis certain de l’existence d’une chose, il est nécessaire que cette chose existe, de même, si je suis certain qu’un événement doit arriver, il est nécessaire que cet événement arrive. Il suit de là que tout ce qui est prévu doit infailliblement arriver. Enfin, tout jugement qui n’est pas confirmé par l’événement lui-même, non-seulement ne mérite pas le nom de certitude, mais 11’est qu’une opinion erronée, bien éloignée de la certitude et de la vérité. Partant de là, si un événement doit arriver, de telle sorte pourtant qu’il ne soit ni certain ni nécessaire qu’il arrive, comment serait-il possible de le prévoir ? De même, en effet, que la certitude est exclusive de toute erreur, de même les faits qu’elle prévoit ne peuvent être autrement qu’elle les prévoit. Car ce qui fait que la certitude ne peut pas être entachée d’erreur, clest que toute chose doit nécessairement se comporter conformément à llidée que la certitude s’en est faite. Mais alors, comment Dieu peut-il connaître d’avance des événements qui n’ont rien de certain ? S°il estime comme devant infailliblement se réaliser des faits qui peuvent ne pas se produire, il se trompe ; ce qu’on ne peut ni penser ni même dire sans blasphème. Dlun autre côté, s’il ne connaît ces événements futurs que pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire si sa pénétration va seulement à penser qu’ils pourront indifféremment arriver ou ne pas arriver, qu’est-ce donc que cette prescience qui n’embrasse rien de certain, rien de définitif ? Et en quoi diffère-t-elle de ce ridicule oracle de Tirésias : Ibm !