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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. 251 pour assigner à chaque objet la place qui lui convient. La Providence, en effet, embrasse à la fois tous les êtres, si divers, si innombrables qu’ils soient :- quant au Destin, c’est llun après l’autre qu’il met les êtres en mouvement, et les distribue sous la forme qui leur convient à travers l’espace el ; le temps. Aussi, quand l’intelligence divine embrasse d’un seul regard, comme une unité, cet ensemble d’êtres qui se déroulent dans le temps, il faut Vappeler la Providence ; mais quand cette unité se divise pour se répartir dans le temps, il faut dire le Destin. Encore qu’il y ait de la différence entre les deux, pourtant l’un dépend de l’autre. En effet, les modes successifs du Destin dépendent de l’unité de la Providence. Comme l’artiste arrête d’abord dans son esprit la forme de l’œuvre qu’il veut créer, et l’exécute ensuite en réalisant, par que série d’opérations successives, l’idée qu’il avait conçue complète et d’un seul jet ; de même, la Providence divine arrête du premier coup et d’une manière irrévocable ce qu’elle se propose de faire ; puis, par le ministère du Destin, elle exécute son plan à diverses reprises et dans la succession des temps. Soit donc que certains esprits de nature divine viennent en aide au Destin ’°, soit qu’il ait à ses ordres l’âme, la nature tout · entière, les mouvements des corps célestes, la puissance des anges et la fertile adresse des démons ; soit enfin que toutes ces puissances réunies, ou quelques-unes seulement, concourent à la marche du Destin, il nlen est pas moins certain que la Providence, toujours une et immuable, est comme le moule de tout ce qui doit se faire, et que le Destin représente seulement enchaînement mobile et la sur cession dans le temps des choses décrétées une fois pour toutes par la Providence. Il suit de là que tout ce qui est subordonné au Destin l’est également à la Providence, puisque celle-ci commande au Destin lui-même ; tandis qu’au contraire certaines choses qui dépendent