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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. 249 léger sourire : <· Tu me proposes la question la plus difficile à éclaircir ; elle nia pas de fond pour ainsi dire : la matière est inépuisable. Pour une difficulté tranchée, il en surgit aussitôt mille autres, comme les têtes de llliydre, et l’on Illêll peut venir à bout qulà llaide du feu le plus pénétrant de l’esprit". Il ne s’agit de rien moins, en effet, que d’une enquête à poursuivre sur l’unité absolue de la Providence, sur le cours du Destin, sur les cas imprévus, s11r la prescience divine, sur la prédestination et sur le libre arbitre, toutes choses dont tu sens toi-même la difficulté. Mais comme leur connaissance peut concourir à ta guérison, malgré le peu de temps qu’il me reste, je ferai en sorte de tlen donner un apercu. En revanche, quelque plaisir que tu prennes à la musique et à la poésie, je serai forcée de t’en sevrer pour quelque temps. Il faut, avant tout, que je t’expose dans un ordre rigoureux toute une série d’arguments. — Comme tu voudras, » répondis-je. Alors, passantà un autre sujet, elle commença ainsi : « La génération de toutes choses, les changements successifs qui se produisent dans la nature, tous les mouvements enfin que lion y remarque, firent leurs causes, leur arrangement et leurs formes de Vinimutabilité de l’intelligence divine. Celle-ci, reti1·ée et comme retranchée dans son unité, gouverne néanmoins le monde par des moyens multiples. Au simple point de vue de sa divine intelligence, l’action de Dieu se nomme Providence ; au point de vue des mouvements et des effets qulelle produit, c’est ce que les anciens nommaient le Destin 1*. Que la Providence et le Destin diffèrent, c’est ce qu’il est facile de reconnaître en considérant liaction de llune et de liautre. La Providence, en effet, ciest cette divine intelligence qui, placée au faîte de toutes choses, les règle toutes : le Destin niest qulune certaine disposition nécessaire des choses variables, et le moyen dont la Providence se sert