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LA (iONSOl.·ATION PHILOSOPH]QUE, LIV. IH. Hi’ ? vraie béatitude réside dans le Dieu suprême.—J’admets cela, dis-je ; il est absolument impossible d’y contredire. — Vois maintenant, je te prie, à quelle sainte et irréfutable conclusion tu arrives, en admettant avec moi que le Dieu souverain résume en lui le souverain bien. — Comment donc ? répondis-je. — Garde-toi bien de supposer, ou que le créateur de toutes choses a recu du dehors le souverain bien, qu’il résume manifestement en lui, ou qu’il le possède virtuellement, mais de telle sorte que Dieu et la béatitude, c’est-à-dire le possesseur et la chose possédée, forment deux substances distinctes. En effet, si, dans ton opinion, Dieu avait reçu ce don du dehors, tu aurais le droit de conclure la supériorité de celui qui donne sur celui qui recoit. Or, nous reconnaissons, comme nous le devons, que Dieu est placé infiniment au-dessus de tout ce qui existe. Que si ce bien suprême se trouve virtuellement en lui, mais à l’état de substance distincte, le Dieu dont nous parlons étant le créateur de toutes choses, quel serait l’auteur d’une combinaison si étrange ? Ifimagine qui pourra. Enfin, un objet différent d’un autre objet ne peut-être celui-là même dont on reconnaît quiil diffère. Donc ce qui, par essence, diffère du souverain bien, ne peut pas être le souverain bien ; or, on ne peut penser de la sorte à l’égard de Dieu, puisqu’il est constant qu’au-dessus de Dieu il n’y a rien. Aucune substance, en effet, ne peut être meilleure que son principe ; c’est pourquoi l’on peut conclure avec toute certitude que l’être dont procèdent toutes choses est aussi, par essence, le souverain bien.—Parfaitement raisonné, dis-je. — Mais le souverain bien est la même chose que la béatitude ; c’est un point accordé. — En effet, disîje. — Donc, reprit-elle, il faut nécessairement reconnaître que Dieu est la béatitude même. — Je ne

puis contester ni les prémisses ni la conséquence que