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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. III. *159 cevrait ; tu me l’as montré tout à lfheure en me dévoilant les causes de la fausse félicité. Si je ne me trompe, en effet, le véritable et parfait bonheur est celui qui procure la suffisance de toutes choses, la puissance, la considération, la célébrité et la joie. Et la preuve que j’ai compris toute ta pensée, c’est que chacun de ces biens équivalant à tous, le bonheur qu’il peut réellement donner équivaut, je le reconnais sans hésiter, à la suprême béatitude. — O mon cher disciple que tu es heureux de penser ainsi, pourvu toutefois que tu ajoutes ceci.... — Quoi ? demandai-je. — Crois-tu que les biens périssables de ce bas-monde puissent procurer un état de ce- genre ?— Je ne le pense pas, répondis-je, et tu as assez bien démontré le contraire pour que toute nouvelle preuve soit superflue. —· Ces avantages ne · donnent donc à l’homme que les apparences du vrai bonheur, ou tout au plus certains biens toujours imparfaits, mais ils ne peuvent lui procurer la véritable et parfaite félicité. — J’en conviens, dis-je. — Eh bien puisque à présent tu sais distinguer le vrai bonheur de celui qui n’en a que l’apparence, il te reste à apprendre à quelle source tu peux puiser ce vrai bonheur.—· C’est précisément là, dis-je, ce que depuis longtemps je désire si vivement savoir. - En ce cas, si, comme le veut mon cher Platon dans son Timée, il faut, même dans les circonstances les moins importantes, implorer l’assistance divine", que devons-nous faire, à ton avis, pour nous rendre dignes de découvrir la source de ce véritable bonheur ? — Il faut, répondis-je, invoquer le père de toutes choses ; c’est un devoir de rigueur au début de toute entreprise. — Clest bien penser, » dit-elle, et aussitôt elle chanta de la sorte :