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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. II. S1 mettant que cet éclat ait quelque valeur en soi, il est propre aux pierreries, non à l’homme. Aussi, que les, hommes l’admirent, c’est ce que j’admire grandement moi-même. Qu’y a-t-il, en effet, dans une substance dépourvue de vie, de mouvement et d’organes, qui puisse à bon droit paraître beau à une créature vivante et raisonnable ? Ces objets sont, à la vérité, l’ouvrage du Créateur, et, dans leur espèce, ils offrent quelques traits d’une beauté inférieure ; mais le rang qu’ils occupent est tellement au-dessous du vôtre, qu’ils ne méritent nullement votre admiration. Est-ce que la beauté des champs vous ravit ? Pourquoi non ? c’est une belle partie d’un magnifique ouvrage. C’est à ce titre que nous nous plaisons à contempler la surface d’une mer paisible ; c’est à ce titre que nous admirons le ciel, les étoiles, le soleil et la lune. Et qu’as- tu de commun avec toutes ces choses ? Oserais-tu Fenorgueillir de leur splendeur ? Est-ce que ton corps se couvre de fleurs au printemps ? Est-ce ta propre fécondité qui gonfle les fruits de l’été ? Pourquoi te laisser emportc1· à des joies frivoles ? Pourquoi (attacher aux choses du dehors comme si elles appartenaient en propre ? Ta fortune ne rendra jamais tien ce que la nature n’a pas mis en toi. Sans aucun doute, les productions de la terre sont destinées à nourrir les êtres vivants. Mais si tu bornes tes désirs à la satisfaction des besoins de la nature, tu n’as que faire des prodigalités de la fortune. De peu de chose, et à peu de frais, la nature se contente ; une fois rassasiée, le su- · perflu dont tu la forcerais de se gorger lui deviendrait fastidieux ou nuisible.

Peut-être qu’à ton avis il est beau de se pavaner sous des vêtements somptueux ? Si leur aspect flatte le regard, c’est llétoffe ou le talent de l’ouvrier que j’admire. Estce dans un long cortège de serviteurs que tu places ta 5,