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LA CONSOL/\’I’ION PH]LOSOPHIQU’I·Ã, LIY. H. 73 riche, vit dans le célibat et s’en alflige. Celui-là a fait un heureux mariage ; mais, privé d’héritiers de son sang, il nourrit sa fortune pour un étranger. Cet autre a le bonheur d’être père, mais les désordres de son fils ou de sa fille le plongent dans le deuil et les larmes. De li’1 vient que personne ne s’accommode sans peine des conditions de sa fortune. Chacune à son inconvénient : avant li épreuve on llignore ; après, on s’en irrite. Ajoute à cela que la délicatesse s’accroît en proportion du bonheur, et que si tout ne lui réussit pas à souhait, l’l1oinme que l’adversité n’a jamais éprouvé s’affaisse au moindre choc : tant il faut peu de chose pour enlever aux plus heureux toute leur félicité.

Combien de gens, à ton avis, se croiraient ravis au ciel s’il leur échéait une part, si mince qu’elle fût, des débris de ton opulence ? Ce pays même que tu appelles un lieu d’exil, pour ceux qui l’habitent est une patrie“. Tant il est vrai qu’il n’y a de misérable que ce que lion croit tel, et qu’au contraire tout est bonheur pour qui sait se résigner. Mais est-il un homme si heureux qui, pour peu que Vimpatience le gagne, ne veuille changer son état ? Combien de sortes d’amertumes pour altérer la douceur de la félicité humaine, puisque, de quelques jouissances qu’elle soit la source, dès qu’elle veut partir, aucun effort ne la peut fixerl u Il est donc clair que les choses humaines ne peuvent procurer qu’un bonheur bien misérable, puisque les âmes résignées s’en dégoûtent à la longue, et que les esprits inquiets ne s’en accommodent jamais de tout point. Pourquoi donc, ô mortels, cherchez-vous le bonheur au dehors, quand c’est en vous-mêmes qu’il réside ? Tferreur et Yignorance vous aveuglent. Je te ferai voir en peu de mots en quoi consiste la souveraine béatitude. Connais-tu rien qui te soit plus précieux que toi-même ? Rien, diras-tu. Donc, si tu arrives En te