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tresse. Austère dans ses mœurs et respectueux envers l’opinion comme il l’était, il aima mieux vous inscrire dans son testament comme le fils d’un de ses amis laissé orphelin dès le berceau. Quant à moi, je n’eus garde de divulguer ce mystère, quoique ma conscience me reprochât de vous laisser ignorer vos parens. Une révolution favorable à mon fils aîné me rappela au milieu des Usbecks, où je me consacrai toute entière à lui donner une éducation militaire digne de sa naissance. Le monde sait à quel point j’ai attaché ma vie à la sienne. En vouant ici à son fils le peu de jours qui me restent, je ne fais que continuer le sacrifice. Et quel autre but pourrais-je trouver à cette triste vie ? Quel autre lien ai-je avec ce monde, où périssent de jour en jour les gloires auxquelles j’ai été élevée à donner mon admiration, ma foi et mon culte ? Ces idées sont si puissantes sur moi qu’à présent même que les sentimens de la nature reprennent