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» Soit que je ne pusse vaincre mes hauteurs ou du moins les lui cacher, soit qu’en me connaissant mieux et en me voyant en quelque sorte de plus près, il sentit son amour se refroidir (je parle avec une sincérité qui m’eût été impossible dans d’autres temps et ne me coûte rien ici), Agathodême ne parla plus de son désir de divulguer notre mariage. Je me sentis blessée, et quoiqu’il ne se fût certainement pas refusé à l’accomplissement de cette condition que lui-même avait si ardemment souhaité, j’étais trop fière pour en rien témoigner. Je choisis un autre motif pour lui annoncer que je me séparais de lui. Il n’épargna pas les instances pour me détourner de cette résolution ; mais elle était irrévocable, quoique je fusse enceinte et que cette circonstance eût dû resserrer notre lien. Je me retirai dans un village obscur de l’Attique, me proposant, après ma délivrance, de le quitter pour rentrer dans le monde. Je donnai naissance à