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aux idées anciennes, et dont la plupart se décident à prendre le voile. Mais telle n’était pas ma destinée.

» Le célèbre Agathodême, le plus riche propriétaire de l’île de Crète, avait été protégé par ma mère : c’est à notre maison qu’il devait les commencemens de sa fortune. Ses travaux chimiques sur les substances alimentaires, et ses découvertes sur les moyens de trouver de la fécule dans nombre de végétaux, en rendant à l’humanité des services qu’on ne peut méconnaître, avaient aussi contribué à l’enrichir. Quoi qu’il en soit, il fut loin d’être ingrat envers nous, et je ne sais si je dois attribuer à sa reconnaissance ou à ma beauté (dont je puis parler aujourd’hui sans qu’on m’accuse d’être vaine) la vive passion qu’il éprouva pour moi. Mais avec les idées dans lesquelles j’avais été élevée, je devais naturellement la rejeter bien loin. Quoique la fortune et la puissance de notre maison fussent renversées, je ne pouvais