Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle se repose un peu, et puis reprend ainsi d’un ton plus calme :

— Écoutez, Philirène, je vais vous expliquer enfin ce long mystère. Vous n’ignorez point, je le crois, que je suis Basilica Augusta[1] d’A…, descendante d’empereurs et de rois de l’Europe. C’est un avantage dont je suis très-fière quand je vis de la vie du dehors, mais auquel je tiens peu, à présent que mon ame, repliée en dedans, est moins enlacée par les liens terrestres ; à présent qu’elle communique directement avec d’autres ames, des ames élevées comme la vôtre, émanations prochaines de la Divinité. Orpheline de bonne heure, je fus placée et élevée à Constantinople, au couvent de Sainte-Hélène, qui sert de retraite, comme vous savez, aux personnes de mon rang qui n’ont aucune chance de contracter une alliance conforme

  1. Pour figurer ces noms comme on les dit à Constantinople et en Grèce, il faudrait écrire Vassiliki sévasti