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vaincre, je suis prêt à sacrifier ma vie, à faire plus, à la changer tout entière, à prendre une vie contraire à mon éducation, à mes habitudes, à mes goûts, à mon tempérament, à mes principes, enfin, je suis prêt à faire la guerre.

Est-il possible ! s’écrie Politée en se levant avec vivacité. Est-ce bien le sage Philirène qui parle, celui qui a reçu solennellement à Constantinople le beau nom d’ami de la paix[1] ?

— Oui, c’est lui-même ; mais vous savez, mon amie, qu’aucun principe n’est absolu, et que pour en faire prévaloir un quelconque, il faut souvent le ployer, le modifier, le détourner de sa direction essentielle. Ainsi, ce n’est souvent que par la guerre, qu’on peut assurer la paix ; moi donc, pa-

  1. Il faut peut-être dire à nos lectrices que telle est la traduction du nom de Philirène.