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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

na ! fit Henri d’une voix calme. Puis sur un ton mauvais :

— Bonsoir, monsieur de Villodin !

Jacques salua de la tête sans desserrer les dents. Ils se regardèrent et deux éclairs de férocité jaillirent de leurs yeux. La jalousie la plus noire venait d’allumer une haine mortelle entre les deux rivaux. Henri avait suivi la scène, dans l’ombre. Il avait tout vu, tout entendu, tout compris.

Marie-Anna perdait la tête et tremblait comme une feuille. Avoir souffert tout ce qu’elle venait de souffrir pour en arriver là ! Qu’allait-elle faire à-présent ? Jacques ne partirait certainement pas sans essayer de la reconquérir. Il était capable de toutes les énergies, jusqu’aux plus folles témérités. Quant à Henri elle était bien certaine qu’il n’abandonnerait pas le fruit de plusieurs mois de patience et de douleurs au profit d’un rival qu’il détestait de toutes les forces de la haine. Et puis le prestige du succès venait de le griser, d’éteindre à-jamais cette timidité native qui avait été le faible de son caractère durant toute son adolescence. Il était maintenant le docteur Henri Chesnaye, c’est-à-dire un