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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

de la honte empourpra son visage. Il fut durant quelques secondes comme halluciné, le sang porté aux tempes, un tintement de bourrasque dans les oreilles. Sans reculer d’un pas, il prononça, tremblant comme un épileptique :

— Je regrette, mon père, de me voir obligé pour la première fois de ma vie à vous désobéir. Je pars ce soir pour le Canada.

Hors de lui, le comte courut à la porte qu’il ouvrit toute grande et revint sur son fils, les mains ouvertes, la face rouge, prêt à user de violences pour le faire sortir mais ses yeux rivés sur ceux de Jacques découvrirent soudain un visage ravagé donnant des signes si évidents de souffrance morale qu’il s’arrêta et parvint à se contenir. Jacques n’avait pas bougé. Dans l’instant de silence tragique qui suivit, on entendit le froissement d’une tenture qui se soulève et la comtesse de Villodin parut. Dans la chaleur de la discussion, les éclats de voix du comte étaient arrivés jusqu’à elle.

— Mon Dieu, qu’y a-t-il ? fit-elle vivement inquiète en voyant l’attitude agressive de son mari et la mine pitoyable de son fils.

— Si je cédais à mon emportement, cria le com-