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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

les regardaient en souriant. Ils étaient vêtus comme des voyageurs au long-cours : water-proof boutonné jusqu’au col, chapeau de feutre mou, bottes montantes et plaid sur le bras.

Le plus grand des deux inconnus s’avança vers Marie Anna et dit avec un accent purement français :

— Mesdemoiselles, pardonnez la surprise que nous vous causons si elle vous est désagréable. La pluie nous a fait prendre possession de ce domaine de paille, mais il est à vous maintenant que vous y êtes… Aurez-vous le courage de nous chasser ? demanda-t-il les lèvres pincées par un sourire d’imperceptible ironie.

L’étranger restait tête nue devant Marie-Anna et Jeannette, attendant une réponse qui tardait à venir. Les jeunes filles avaient été saisies par son grand air de noblesse simple, son geste souple, sa parole aisée. Leurs dernières craintes ne tinrent devant des apparences aussi favorables.

Marie-Anna répondit :

— Ma foi, messieurs, partageons-nous l’abri. De cette façon, nous nous offrons mutuellement l’hospitalité.

Quoiqu’ils parussent éprouver quelque désir