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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Anna cherchait à échapper à son étreinte mais elle ne pouvait ; elle n’avait plus de force. Son calme avait fini par l’abandonner ; elle se sentait troublée peu à peu par cette obstination farouche de l’amour malheureux et implorateur. Après un effort vain pour se lever, elle bégaya :

— Henri… tu me fais mal !

Mais il n’entendait pas. Il semblait avoir perdu la notion des choses, du temps. Il oubliait l’heure tardive, le lieu où il était et sa parole haletante s’échappait maintenant devant elle comme adressée à une sainte image :

— Je t’adore !…

— Assez, Henri !… Laisse-moi !  !

Elle criait !

Insensible et sourd, presque inconscient, il lui serrait les mains de plus en plus fort, sans s’apercevoir qu’elle défaillait.

Tout-à-coup, ses deux poings crispés sur la poitrine du pauvre fou le rejetèrent avec violence au milieu du salon. D’une voix saccadée, brève, elle cria :

— Assez, Henri ! J’aime Jacques de Villodin !… Entends-tu, je l’aime et ne serai jamais…