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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

rière. Elle se revit d’abord courant sous l’orage à la recherche d’un abri sur le chemin de La Tuque ; elle revécut l’instant de la rencontre sous la hutte du cantonnier ; elle se répéta les premières paroles échangées puis sa mémoire docile lui fit traverser les jours passés depuis cette rencontre en lui rendant les mêmes joies secrètes chaque jour grandissantes, en lui rappelant les attentions, les délicatesses, les désespoirs et les combats de Jacques, et aussi ses propres combats en elle-même.

Et à présent elle voyait Jacques sur la mer, combien loin d’elle déjà, s’éloignant encore durant des heures, des heures et des jours, s’éloignant toujours.

— Je suis seule, toute seule ! se disait-elle pour caresser sa peine.

Mais aussitôt l’amour parlait plus fort :

— Il sait que je l’aime ! Je le lui ai dit. Avec cet aveu, je lui ai donné le meilleur de moi-même.

Et cette pensée exquise la réconfortait.

Deux semaines passèrent.

Un matin, Marie-Anna reçut la visite d’Henri Chesnaye.

— Mes vacances sont finies, lui dit l’étudiant.