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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Ils partirent. Le cœur serré, Marie-Anna se laissa entraîner par sa mère ; une fois seule dans sa chambre, la pauvre amoureuse laissa tomber sa tête dans ses mains et pleura sur l’éphémérité de son bonheur. Une seule hypothèse expliquait l’absence de Jacques : un départ avancé par suite d’une erreur d’horaire.

Lorsque Jeannette, Henri Chesnaye, William et Georges eurent quitté Marie-Anna, ils se rendirent à l’Hôtel des Chutes, en quête d’informations. La tenancière qui s’apprêtait à fermer l’hôtel les reçut avec de bruyantes démonstrations :

— Ah, ne m’en parlez pas ! dit elle ; j’en suis encore à moitié folle ! Ils sont partis à l’épouvante pour ne pas manquer le train de deux heures.

— N’ont-ils pas laissé une lettre, un mot ?… demanda Henri.

— Oui, M. Gilbert a commencé une lettre qu’il n’a pas eu le temps de finir. Ils achevaient de dîner en lisant les journaux, quand je les ai entendus se chicaner ; M. Gilbert voulait partir, M. de Villodin voulait rester, expliqua la femme en cherchant la lettre qu’elle ne trouvait plus. Au