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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

elle… Je le croyais plus galant ce beau Français !

Marie-Anna ne put réprimer un sourire. Un coup de sonnette interrompit la conversation. Les « Petits Garçons » arrivaient. Henri Chesnaye, Georges et William prirent place au salon et commentèrent le départ subit des deux amis.

En entendant Marie-Anna annoncer cette nouvelle, Henri Chesnaye l’avait regardée longuement. Il connaissait depuis longtemps l’amour de Jacques ; il en avait souffert en silence et s’était demandé souvent si Marie-Anna ne céderait pas aux attaques d’un rival plus hardi alors que lui, le timide, le petit ami d’enfance nourrissait depuis deux ans un feu lent et continu, espérant qu’un jour la jeune fille si passivement aimée reconnaîtrait enfin sa patience. Depuis quelques jours, un commencement de jalousie aiguë lui étreignait le cœur en pensant qu’il lui fallait revenir à Québec pour reprendre ses études suspendues par six semaines de vacances et il s’imaginait avec cette naïveté particulière aux jeunes amoureux jaloux que Villodin attendait son départ pour accaparer définitivement les faveurs de Marie-Anna, pour la dé-