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IX


Le surlendemain de cette scène, Gilbert remit à Jacques l’album de Marie-Anna en disant :

— Le paysage est achevé. Annonce à Mlle  Carlier que nous irons demain soir lui faire nos adieux… Je me suis informé de l’horaire des trains correspondant avec le steamer ; nous partons lundi matin à 7 heures 30.

Jacques était calme. Rebelle un instant au destin cruel, mais impuissant à le vaincre il envisageait maintenant avec résignation la torture lancinante d’une séparation prochaine. Gilbert qui le surveillait un peu par crainte et véritablement par amitié, voyant une sérénité relative succéder à ses emportements admira sans le laisser paraître, la promptitude avec laquelle Jacques avait su faire taire les cris de sa passion, la force de caractère du jeune homme qui, la veille encore était prêt à immoler le respect filial à l’objet merveilleux de ses préférences.

À la vérité, ce revirement ne s’était pas opéré de lui-même. Dévoré d’insomnie, Jacques avait