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notre ami Belin dans une suite d’articles du Peuple, car il n’y a pas une seule souffrance dans le pays dont nous ne soyons solidaires, parce qu’il n’y a pas une seule d’entre elles qui ne soit le produit de l’iniquité sociale. Nous voulons rendre le goût du travail à ceux qui sont en train de le perdre. Nous voulons rouvrir les sources de la richesse, accroître la masse des revenus consommables, c’est-à-dire des salaires. Nous voulons le retour de la sécurité, et l’extension du bien-être, dans la pleine mesure où cela est possible avec le régime social à l’intérieur duquel nous allons agir.

Nous savons très bien qu’une nation ne peut pas se passer de finances saines et probes. Mais nous attendons précisément le retour à un équilibre réel et à un équilibre stable de l’accroissement de la richesse nationale, de l’accroissement de la masse des revenus consommables de la nation.

Comment donc pourrions-nous en même temps vouloir jeter ce pays dans le tumulte, dans le chaos, dans je ne sais quelle bagarre furibonde et sanglante ? Le succès de notre entreprise suppose la confiance, la vraie, non pas la confiance mercenaire, la confiance sous condition de telle ou telle catégorie de possédants, mais la confiance du pays en lui-même.

Nous voulons que la France reprenne confiance dans l’efficacité du travail, dans l’immensité de ses ressources, dans son intelligence dont elle vient presque à douter, dans ses facultés héréditaires de renouvellement et de régénération, dont tout son esprit révolutionnaire est le témoignage.

Par conséquent, notre œuvre doit être le contraire d’une destruction, d’une restriction ; elle sera, dans le sens plein et fort du terme, une construction et elle ne peut pas se réaliser sans que le pays y consacre une partie de ses ressources, sans qu’il s’ouvre par conséquent à lui-même un large crédit. Elle suppose une avance à l’allumage ; elle suppose