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un brelan d’excommuniés

un blasphémateur compliqué, versatile et déconcertant, qui cherchait parfois la prière pour s’en faire une arme empoisonnée contre lui-même. Verlaine est une âme suppliante, un repenti tout en pleurs aux pieds du Christ dont il n’ose contempler la Face, et ne réclamant rien que

D’être l’agneau sans cris qui donne sa toison.

L’auteur de Sagesse, au lendemain de sa conversion, n’a pas imaginé d’autre besogne que l’imploration du pardon. Il ne conçoit pour un chrétien que cet office et ce labeur. Demander pardon pour les injures et pour les bienfaits, pour les voluptés et pour les tristesses, pour chacune des palpitations du cœur et chacune des vibrations de la pensée, enfin demander pardon à son Dieu de l’aimer et de prétendre souffrir pour lui, en se considérant comme une ordure qui n’a que de l’ordure à offrir, alors même que ce serait la plus belle poésie du monde. Mais c’est le