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j. k. huysmans

messe et aux vêpres, dans la partie de notre chapelle qui était réservée au public ; deux ou trois fois l’an, il partageait notre repas, à la table des étrangers, au centre de notre réfectoire, et c’était tout. Il n’a jamais été plus avant dans notre communauté, dont il ne faisait du reste partie à aucun titre.

« En ce qui me concerne, j’ai maintes fois déploré sa présence, pour le bruit qu’elle faisait dans la presse autour de nous. C’était là une publicité de mauvais aloi dont j’ai éprouvé souvent le plus grand ennui,

« Vous me demandez ce que je pense de sa conversion et de ses livres. C’est une question qui intéresse bien des gens et qui préoccupe même très-vivement les milieux religieux, car à X…, d’où je viens, tous les prêtres que j’ai vus me l’ont également posée. Et je sentais qu’ils n’étaient pas à cet égard sans inquiétude. Dois-je l’avouer, cette inquiétude est aussi la mienne. En dépit de tout ce que l’on désirerait, et malgré la joie que nous avons eue en somme à voir venir à nous un écrivain célèbre, sa conversion ne me paraît pas avoir le caractère de détermination, de froide et calme raison, nécessaire à la solidité d’une transformation semblable. Comprenez bien que je ne mets nullement en doute la sincérité de cette conversion, je crains simplement qu’elle ne procède surtout d’une sensibilité exacerbée et d’un dilettantisme d’art qui la rendent sujette à des variations inhérentes à un esprit dominé par des impressions nerveuses.

« S’il faut même vous dire tout à fait ma pensée, j’ai