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nistration, soit pour des pensions aux anciens empfoyés ou officiers de la Compagnie. De plus chaque année, les économies des employés et les bécénces des maisons de commerce établies dans les comptoirs, et que l’on peut évaluer à la somme de 1,500,000 Iiv. st. étaient aussi envoyées en Angleterre, et la balance du commerce d’exportation avec ce pays se soldait par une diuéfeuce de 3 millions sterling. On comprend combien ces différentes canses réunies d uren t rapidemen t appauvrir ce pays, d’autant plus que les travaux d’utilité publique les plus urgents, tels que les canaux d’irrigation et les routes, étaient forcément négligés ; car les ressources de la Compagnie étaient toutes empioyées à payer ses agents et à satisfaire l’avidité des capitalistes anglais. Pendant la période qui suivit les réformes de la Compagnie, les Anglais eurent à soutenir plusieurs guerres fort considérables ; en )838, ils se trouvaient pour la première fois en présence des Russes qui, par leurs intrigues dans l’Asie centrale, entrainéreut tesAngiaisâ à s’emparer de l’Afghanistan. Cette expédition fut désastreuse, et elle coûta à la Compagnie 20,000 hommes et 400 millions de francs. Les Anglais ne purent se maintenir dans ce pays, et Dost Nohamet, qui avait été détrône par eux, puis fait prisonnier, recouvra la liberté et remonta sur le trône.

En 1843, sir Charles Napierenvahit, à la tête d’une armée, le territoire de la confédération du Siude, qui fut annexée aux domaines de la Compagnie. En 1845, une terrible invasion des Sikhc ;: eut lieu ; elle fut repousséeparsir Henri Hastings, qui les extermina. En 1849, lord Dalhousie envahit à son tour le Pundjab, et après avoir battu plusieurs fois les Sikhes, annexa tout le royaume de Pundjab.

Enfin, eu 185G, la puissance anglaise était parvenue à étounertousies Etats qui pouvaient lui [~t-Kr ombrage, et sa suprématie était établie sans conteste sur une population de ItiO millions d’hommes.

.uus toucijoua à une période sinistre de l’histoire de l’Inde, l’insurrection des cipayes de 1857.

Nous avons tracé de la conduite des Anglais un tableau trop fidèle pour qu’il soit nécessaire (Texpttquer les causes d’unsoulèvement rendu mëvitabie, et ce que nous allons dire procède plus de la légende que de l’histoire. Vrai ou taux, voici le fait qui servit de prétexte âl’insurrection Au lendemain de la guerre de Crimée, le gouvernement de la reine, frappé des services rendus pendant cette campagne par les carabines rayées, résolut de généraliser l’emploi de ces armes, et donna l’ordre d’en distribuer aux cipayes. Par malheur, les cartouches appropriées à ce système de carabines doivent être enduites de graisse de porc, animal immonde aux yeux des Musulmans et des Hindous. Le colonel Besch, qui dirigeait le corps des artificiers, crut devoir passer outre les répugnances religieuses des soldats, et sans faire savoir aux cipayes le sacrilège qu’il leur faisait commettre, il mit les cartouches e~ consommation. Au début, rien de tout ceci ue transpira ; mais un jour, un lascar de l’arsenal ayant bu dans le vase d’un brahmine cipaye, fort jafoux de son honneur et des prérogatives de sa caste, ce dernier se montra fort irrité. Le lascar lui répondit que, s’il était déshonoré pour avoir prêté sa coupe, il l’était bien davantage en touchant chaque jour des cartouches enduites de graisse de porc.

Le brahmine, frappé d’horreur à cette révélation, se rend à l’arsenal, s’assure que le lascar avait dit vrai, et court au cantonnement rendre compte de sa découverte à ses compagnons. L’insurrection militaire fut résolue surle-champ. Le 24 janvier 1857, de nombreux incendies, dont on ne peut parvenir à découvrir les auteurs, servent de prélude au terrible drame qui se prépare dans l’ombre. Le gouverneur général ne tient aucun compte de ces sinistres avertissements et se borne à déclarer dans une proclamation « qu’il ne sera plus fait usage des cartouches graissées ». Chaque jour on voit arriver dans les villages du Bengale de mystérieux personnages, bandits et fakirs tout à la fois, qui échangent avec les habitants des signes de ralliement. Le 25 février, le t9° cipaye, en garnison à Bérampor, refuse obstinément de faire l’exercice à feu, sous prétexte que les cartouches sont graissées.

Quelque temps après, un soldat et un officier du 34° sont fusillés, et chaque chef de corps remarque que cette exécution est le signal d’une agitation extraordinaire dans leurs régiments. Enfin, à cent lieues de Calcutta, à Meerut, quatre-vingt-cinq hommes sont condamnés aux travaux forcés pour avoir refusé de se servir desdites cartouches, et huit jours après, tous les cipayes se soulèvent, égorgent leurs oiticiers, délivrent les cuudamués et se rendent maîtres saus coup térir de la ville de Delhi.

L’insurrection, maîtresse de la capitale, entrait alors dans une voie nouvelle. Elle s’était empressée de restaurer l’empire, et le drapeau illustre des Mogols flottait orgueilleusement sur les murs de la ville. Uue proclamation émanée du gouvernement de Delhi appelait aux armes tous les habitants de l’Indouslan et les exhortait à massacrer les Européens. On sait que cet appel ne fut que trop bien entendu et qu’il se passa alors des horreurs telles que l’histoire indignée a refusé de les enregistrer. Mais bientôt les Européens, remis de leur première stupeur, avaient pu concentrer leurs troupes ; des renforts arrivaient, l’armée anglaise reprenait l’offensive et l’heure de l’expiation allait sonner pour les malheureux Hindous. Le général Neilson qui reprit Cawnpore, trouva dans cette ville les corps des femmes et des enfants massacrés par ordre d’un chef, le fameux Nana-Saheb. Les représailles commencèrent, froides, féroces. Les brahmines de haute caste furent contraints à coups de bâton de relever les corps des victimes et de laver les planchers teints de sang. Cette besogne, qui les dégradait à leurs propres yeux, terminée,