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MAHOMÉTISME.


assurer l’exêcntion de la loi sacrée. Celle-ci est placée sous la garde des juges et des jurisconsultes, qni forment les deux premiers ordres dn clergé musulman et sont supérieurs aux ministres du culte. Ces interprètes de ia loi ont souvent obéi au précepte du Coran Opposetoi à la violation de la loi et souvent le scheick nl-islamfut aussi grand par ses résistances que tel préfet du prétoire sous les empereurs romains. Le droit pnblic de l’Orient parait avoir tonjours conféré au monarque une puissance illimitée sur ses fonctionnaires, et en général sur tous ceux qui ont le malheur de l’approcher. Les autres citoyens sont habituellement en sûreté et, à beaucoup d’égards, plus libres que les Européens. Cette cruelle loi d’exception a son origine dans la condition des anciens ministres de l’Orient, choisis parmi les esclaves du sérail, et dans la situation même des rois, étrangers à tout dans leur royaume ; « premiers prisonniers du pa)ais’, comme dit Montesquieu, serviteurs des haines de leurs ministres tant que dure cette ignorance, et incapables de mattriser leur fureur quand ils viennent à reconnaitre qu’on les a trompés. Cette politique déplorable a régi toutes les monarchies de l’Orient, et l’islamisme ne~I’a en rien modifiée. L’ingérence perpétuelle du souverain dans les affaires de succession a fait supposer aux Européens que les princes musulmans étaient propriétaires de tons les biens-fonds, ou qu’ils ne pouvaient entretenir leur luxe que par des connscations, comme les premiers Césars. D’autres auteurs ont résolu Ja question dans un sens plus mystique, et assuré que, d’après le Coran, la terre appartient à Dieu. C’est dans le code spécial de la guerre sainte qu’il faut chercher l’origine de la propriété musulmane. La propriété des terres possédées par les Arabes avant la conquête, la propriété des terres abandonnées par les infidèles et partagées entre les croyants, sont aussi assurées que peut l’être en Occident toute propriété foncière, et se transmettent par vente, donation ou succession. Le Coran et ia Sunna reconnaissent, en outre, la pleine propriété des terres désertes que le travail rappelle à ia vie Si quelqu’un rend la vie à une terre morte, dit Mahomet, elle est à lui. En tout pays, les bâtiments et les arbres sont l’objet d’une propriété franche et réelle ; mais il n’en est pas de même du terrain qui les supporte. Des peuplades entières, comme les Métualis de Syrie, ne sont qu’usufruitières ; le sultan passe alors pour le grand propriétaire foncier. Quant aux chrétiens, anciens possesseurs du sol, ils jouissent d’un droit de tenanciers qui équivaut presque à la propriété. Une fois sortie de l’Arabie et lancés sur le monde, les Arabesseraient devenus infidèles la guerre sainte, s’ils s’étaient axés dénnitivement. fi fut nécessaire de leur en ôter le prétexte. La possession héréditaire de la terre conquise fut laissée aux vaincus, sons condition dn tribut et du travail. Si un terrain est délaissé, l’État le donne à un autre colon.

Comme on avait donné le choix aux ido !a’ tres entre la conversion et rextermmation~ r aux peuples dn Livre entre la conversion et le tribut, les premiers se convertirent et tes autres payèrent tribut. Ce tribut comprend l’impôt de la terre et la capitation, rachat de la vie et garantie de sûreté. Les nouveaux convertis n’arrivèrent pas de suite à jouir des mêmes droits que leurs vainqueurs, et furent, dans l’origine, traités en sujets. Les anciennes populations restèrent ainsi attachées au soi, sous la surveillance de l’armée victorieuse. Ces guerriers, collecteurs d’impôts, organisés en une hiérarchie savante, vécurent dans des domaines souvent considérables, que les Européens ont pris pour des propriétés féodales et qui n’étaient que des circonscriptions financières. JI ne manquait en effet à cette féodalité qu’une chose essentielle la propriété de la terre.

Tant que l’hégémonie de l’islamisme resta entre les mains des Arabes, les sciences, les lettres, la philosophie et même, jusqu’à nn certain point, les arts, purent réunir les vainqueurs et les vaincus. Mais quand les Turcs dominèrent, toute fusion devint impossible. Les Turcs prirent l’islamisme bien plus au sérieux que n’avaient fait les Arabes. Les prescriptions de la loi et de la jurisprudence contre les tributaires furent exécutées dans toute leur rigueur. Les ratas durent se distinguer des osmanlis par le costume, leur céder le haut du pavé, apporter le tribut sans :retard et avec déférence, sous peine d’être pris au collet et traités d’ennemis de Dieu Ils gardèrent à la vérité leur religion, leurs communes, leurs lois civiles et le droit d’être jugés par les prêtres de leur nation ; mais tontes les vexations que des conquérants peuvent faire souffrir à des vaincus sans attenter à leur vie et sans rompre le pacte d’établissement, furent accumulées sur la tête des raYas. On appela ces traitements N~aKta/t (avanie), et le mot en vint jusqu’en France, avec une pitié stérile. Un tel abus de la domination n’empêcha pas la race aristocratique de produire maints exemples de probité dans les relations, de dévouement à la patrie, de dignité modeste et de noble politesse. Étrangers aux arts, aux sciences, et souvent à tout exercice de la pensée, ils regardaient avec mépris ces peuples industrieux qui n’avaient pas su vaincre, tandis que leurs esclaves, issus de races supérieures, de nations qui avaient tenu le sceptre des trois continents, gardaient la conscience de leur antique noblesse, de leur activité présente, et rendaient aux conquérants mépris pour mépris.

Les musulmans, une fois établis dans nn pays, ont toujours dédaigné de convertir les habitants. Le prosélytisme et le fanatisme des Turcs et des Barbaresques eux-mêmes ne furent qu’une affreuse revanche des croisades et de l’expulsion des Maures d’Espagne. Les Israélites et les chrétiens tributaires n’ont souffert de persécutions que lorsque les musulmans se 1. 0’e<t-t-<Ure tM gene ~ytnt une rëv~tUen, ehr~tieM,jmtf9, MMen*.