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des rapports’d’amitié avec les sociétés civilisées, elle donnera la mesure de ce que l’on pent attendre des noirs se gouvernant eux-mêmes. Ses progrès jusqu’à cejonr autorisent à espérer qu’elle tiendra dignement son rang à coté des colonies séDégambiennes que la France et l’Angleterre possèdent et administrent dans la même région de l’Afrique occidentale. OottTtREZ Etoittït~e, Nègres.

UBERTË. La liberté est très-célébrée en France ; elle y est très-peu connue. On la confond tour à tour avec la démocratie, I’ir~é~ig~on, l’anarchie. Il faudrait expliquer cela par l’histoire, et montrer comment, à une heure donEée, on a dû revendiquer la liberté contre les nobles, les prêtres et la dictature. Puisque la liberté. dont nous remplissons nos discours, est exclue de nos lois et de nos mœurs, il n’y a a guère que la philosophie qui puisse l’y faire rentrer, en montrant clairement ce qu’elle est. Beaucoup de ses plus ardents amis se sont trompés sur sa nature, car il l’ont prise pour un principe ; et sur son rote, car ils l’ont prise pour le but suprême de l’humanité. La liberté m’est qu’un fait et un moyen. Soit qu’on considère l’activité humaine dans l’individu on dans l’espèce, la justice est son seul principe et son seul but.

Une des plus grandes œuvres de Platon, c’est ce livre de la République, si rempli d’ailleurs d’utopies que personne ne sùpge à défendre. H y démontre solidement que l’homme et l’humanité ne font qu’un par leurs éléments constitutifs, par leur histoire, par leur but, par leur règle, et que cette règle est la justice. Qu’estce que la liberté, daus l’homme, si la justice ne l’éclairé et ne la domine ? Rien autre chose qu’une sorte de hasard subjectif. De même dans l’État. Il faut obéir au bien librement ; mais le bien est la loi. U faut tendre au bien librement, mais le bien est le but. Il est vrai que la justice aveugle et imposée perd son caractère divin, et que la liberté et la justice sont néces-~ saires rune à l’autre.

Y a-t-il, dans la vie de l’homme et dans celle de l’humanité, une heure, une minute d’où la justice soit absente ? Elle est divine, elle est un principe elle est donc la même partout et pour tons, pour l’enfant et pour le vieillard, pour le sauvage et pour le civilisé. Il en est tout autrement de la liberté. Il est juste que l’enfant ne soit pas libre, et il est juste qu’il le devienne, à mesure que sa raison mûrit. Les citoyens de la Suisse, de la Belgique, de l’Angleterre, sont heureux par la possession d’nne hberté, qui, donnée en un jour, en même quantité, à des peuples à demi barbares et façonnés à la servitude, n’engendrerait que l’anarchie. La hherté s’apprend et se conquiert ; elle est à la fois l’instrument et la conséquence du progrès. Elle aura toujours une limite, parce qu’il y aura toujours lutte entre l’intérêt général et Ifntérêt individuel. Mais cette limite reculera sans ce~M, à mesure que la civilisation croîtra. JULES DUVAL.

Celui qui sème la hmtère, sème en même temps la liberté.

Personne, étant honnête, ne sounMra une restriction à la justice ; personne, étant de sangfroid, ne demandera la tiberté sans règle. Il n’y a au fond que deux partis en politique ceux qui absolument ne veulent pas de liberté et ceux qui veulent une liberté réglée. Quant à ceux qui demandent la liberté absolue, c’est-àdire la suppression de toute loi et de tout gouTernement, ce ne sont pas même des utopistes. On ne discute pas avec eux, en vertu de cet axiome de logique CMM negantibus principM, non est (Kj !pM<a7 !dMMt. On a discuté, on ne discute plusavec les théoriciensabsolutistes. La seule controverse politique encore subsistante roule sur le degré de la liberté. Or, cette controverse contient une question de droit et une question de fait. La question de droit se résume par cette formule Tout homme, ou tout peuple a droit à toute la liberté dont il est capable. La question de fait consiste à rechercher de combien de liberté un homme ou un peuple est capable à un moment donné de son histoire.

Le droit à la liberté, s’il fallait le prouver, se prouverait ainsi l’homme a droit à la vie et an bonheur ; donc il adroit à la liberté ; car il n’y a pas de bonheur sans liberté. Plus il est bon, intelligent et civilisé, et plus la liberté loi est nécessaire. L’état de force libre étant métaphysiqnement supérieur à l’état de force fatale, toute diminution de la liberté dans l’homme est une diminution d’être, une dégradation. L’autorité ayant pourraison d’être la justice, et la justice étant que le peuple possède tout le bonheur qu’il peut posséder légitimement, une autorité qui ne s’en’orce pas de donner au peuple tout le bonheur qu’il peut posséder légitimement, n’est pas une autorité légitime.

Donc l’autorité qui ne donne pas au peuple toute la liberté dont il est capable, cesse d’être une autorité légitime.

Voici une autre démonstration de la liberté : Il s’agit, dans le monde, de la justice. Or, il p~ de l’essence de la justice d’être la règle d <m agent libre. La liberté, en langage métaphysique, est la matière de la justice ; de sorte qu’on ne peut supprimer la liberté, sans rendre la justice impossible. Supposez deux hommes qui opèrent l’un et l’autre la justice de la même façon ; si le premier est juste par force, le second par choix, c’est le second seul qui est un homme, et même en réalité, lui seul est juste- ; car la loi fatale qui gouverne le monde inintelligent et inconscient, ne s’appelle pas la justice. Ainsi la liberté n’est pas le principe, mais elle est nécessaire au principe elle est donc de plein droit.

M. de Maistre et quelques autres ont soutenu que tout peuple était à jamais incapable de toute liberté. Cette proposition suppose 1° l’existence d’une révélation complète, c’està-dire comprenant la régie entière de la société ; 2° l’impossibilité de toute démonstration et de toute découverte philosophique ; 3° IjB fatalisme. t