Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/197

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIBÉRALISME. 198

Son de parti, ou plutôt encore seulement de c~icrie :

Qu’est-eeqcecemot’tibéralt

Que des gens d’un certain calibre Placent toujours tant bien que mal t C’est le diminutif de libre.

Ces gens «d’un certain calibre étaient probab’pmcnt le cercle de M"’ de Staë) et de Benjamin Constant, et il n’est pasimpossible que Lebrun ait voulu faire sa cour au premier consul en les ralliant. Dans tous les cas, cette épigramme montre qu’il s’agit de quelque chose de nouveau, que des gens d’un autre calibre prenaient en mauvaise part. Sainte-Beuve attribue expressément à Chateaubriand’ l’invention de la désignation, mais il ne donne pas ses preuves. JI est de fait que le mot figure dans le Génie du Christianisme mais cet ouvrage ne parut qu’en 1802, et 1 épigramme de Lebrun est antérieure. M°" de Staël emploie aussi le mot libéral dans sa nouvelle acception, dans Corinne, qui est de 1807.

L’Empire n’était pas fait pour le libéralisme ni le libéralisme pour J’Empire. L’antipathie était réciproque. Les libéraux étaient pour Napoléon les pires des idéologues, et se sentaient eux-mêmes dans un milieu tout à fait réfraetaire. Ce qui les touchait le plus, la liberté individuelle, l’indépendance de la pensée, le contrôle, la discussion et, pour tout dire, la dignité humaine, était préc~t mpat ce que Napoléon ne pouvait supporter. U ij’avait pas un atome de fibre tibéra)e et il discernait au contraire. avec une pénétration merveilleuse, ce qui, dans la démocratie, est distinct du libéralisme. Nous en avons un témoignage bien frappant dans une lettre où, donnant à son frère Joseph, roi de Naples, des conseils de gouvernement, ilexpl.que en ces termes les effets qu’il attend du Code civil : < Dites-moi les titres que vous voudrez donner aux duchés qui sont dans votre royaume. Ce ne sont que des titrés ; le principal est le bien qu’on y attache. Il faudrait y affecter deux cent mille livres de rente. J’ai exigé aussi que les titrés aient une maison à Paris, parce que c’est là le centre de tout le système et je veux avoir à Paris cent fortunes, toutes s’étant élevées avec le trône et restant seules considérables, puisque ce sont des fidéicommis, et que ce qui ne sera pas elles

M se disséminer par f~e~ du Code civil. J~aMtMe : /e Code civil à ~’cp/e~, tout ce qui ne vous sera pas attaché va se détruire dans peu <fa/ !M~, et ce que vous voudrez conserver se consolidera. You.A LE GRAND AVANTAGE nu CODE CIVIL. 11 faut établir le 1. Dans son discours de réception A i’Aeodémie française où ii dit, en faisant i’ë !ogedeCasimirDetavigne, que eeinl-e~e montra tout d’abord l’organe de ces opinioDs ~uxtes, sensées, aisément comjDunicabifB, si bi~nïtaptisées par un grand écrivain, )e mieux fait. ?~~ les comprendre et les décorer, de ce nom de~t<M qui leur est resté.. Mfxte exprime ici j~fttére modéré dn libéralisme et sa tendanc~MSmpromfs avec les faits etistamtt, tendan~~M~) ne te défend pas.

î.st~tte~e~onts XIV aconnn tesHe’M :t6< ’’= !tSro"’ *i.c n’en a-t-il pas fàitis~eine nsaj[e t~iaS6s ?/ ~rM<tan<<m~-BÎ,ii~B~,

Code civil chez vous il consolidera votre puissance, puisque par lui tout ce qui n’est pas udéicommis, tombe, et qu’il ne reste plus de grandes maisons que celles que vous érigez en fief. Cest M ce qui m’a fait précher un Code civil et porté à l’établir

Ce que l’empereur voulait dire, c’est que la justice idéale et mathématique du Code civil broie et détruit incessamment les fortunes et les situations acquises, que c’est toujours à recommencer, et queles éléments libéraux n’acquièrent jamais assez de consistance pour faire échec au despotisme. Tontes les famUIes, tomt les citoyens sont trop constamment ramenés à leurs propres affaires pour pouvoir se tourner avec soin, indépendance et désintéressement vers les affaires publiques leurs aspirations ne peuvent que renouveler les mythes de Tantale et de Sisyphe, et le despotisme reste mallre du terrain. Cette opinion de Napoléon a du poids, et c’est par un juste instinct qu’une partie de l’école libérale contemporaine, sans regretter le droit d’alnesse, réclame la liberté de tester. Le partage égal est beaucoup plus démocratique, et répond aux régies d’une justice abstraite, mais il est contraire à la liberté, il entame le principe de la propriété et l’autorité du père de famills ; il a de mauvaises conséquences sociales et politiques. Il importe à la chose publique que tout le monde n’ait pas toujours sa fortune à faire, et qu il y fait des situations personnelles indépendantes, fortes et stables, capables de tenir tête an pouvoir central. Les intérêts gêné aux devraient être suxjnains de cenx qui n’ont plus à s’occuper de leur intérêt pcMonnei. B’SiUe’jfs, entre le partage égal dans le sein de la famille, et le partage égal dans la famille plus étendue de l’Etat, il n’y a plus qu’une duférence du moi’ :s au plus, et aucune différence de principe. Malheureusement Ja liberté de tester a cont :~ elle une forte objection c’est i’a&as qui en serait fait an proflt de I’Ëg)ise, âme despotisme qui, dans son organisation et son cspnt présents, parait plus redoutable encore que celui de l’Etat. C’est ainsi que le libér~isme navigue entre deux écueils ; mais le jugement de Napoléan~ur le partage égal vaut assument la

peine d’être médité.

Soit coïncidence fortuite, soit importaRm française, le mot libérât subit en Espagne sous 1 empire, le même changement d’acception qu’il avait subi en France, sous le consulat, et devint aussitôt la désignation d’un grand parti politique, ce qui ne contribua pas peu à le répandre dans toute l’Europe occidentale. Les ~Espagnols assignent à ce changement la date précise de l’année ï8t0. e Considérez UB~ac-~ 1 men t, rut M. Benavides dans son discours de réception à l’Académie royale espf ?nole, deux mots des plus usités, des plus fréquemment e employés dans les temps modernes libéral et liberté. Jusqu’à l’an 10, libéral voulait dire <t’onéreux, splendide, magninque~ Mus IM -1. CorrtffMt~aMe de ye~oMM fM !’H~ JM~j !e<) -rM de l’empereur yopoMmt ~XH) .p.tNH