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190 LIBÉRALISME.

bcrté qu’il entend garantir est celle qui convient à des êtres raisonnables, capables de se retenir et de se gouverner, et c’est précisément en vue de la garantir qu’il réclame des lois contre la licence, l’arbitraire et les empiétements de tout genre, y compris ceux de l’État. Ce qui le préoccupe avant tout, c’est d’environner des meilleures sûretés la liberté personnelle des citoyens, de façon à la préserver de toute atteinte. C’est là le point essentiel, et ce n’est pas sans raison que les Anglais considèrent leur AauMS corpus comme la pierre angulaire de leur constitution. Les libertés de réunion et d’association peuvent être considérées comme un appendice de la liberté individuelle, et elles doivent être inviolables, à la condition de ne pas poursuivre un but subversif de l’Etat. La principale garantie de la liberté et des libertés est danslalimitation constitutionnelle de la puissance de 1 Etat, et dans la pondération réciproque des pouvoirs constitués. Toutefois, le libéralisme n’attache plus une valeur absolue à la célèbre formule de Montesquieu sur la séparation des pouvoirs. Dans les monarchies constitutionnelles, le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif ne sont séparés que par une sorte d’abstraction ; en fait, ils se joignent et se confondent dans la personne des conseillers responsables de la couronne, qui ne sont autre chose que des délégués de la représentation nationale. Ce qui a plus de prix,

c’est la séparation du pouvoir judiciaire, dont l’indépendance ne saurait être trop fortement établie. La séparation de la représentation nationale en deux Chambres e~t également considérée comme une condition presque essentielle d’un gouvernement libéral. L’esprit libéral aime à multiplier les contre-poids et les éléments de résistance et d équilibre. L’esprit démocratique, au contraire, est simpliste et B[t< j-.

F ?: ; ..t ; i ’1’ ’]ce eatre l’esprit libéral b. Ic~i.. tid-~r.t.ique, c’est que la faculté de disposer <k soi, qui est la liberté indivi~dnelle, n’impliq~pas nécessairement, au jugemcat du libéralisme~ Ta faculté de disposer de l’État, E’~st-a-dire de le gou.Mner. Le libéralisme vent le contrôle et la discussion ; il veut aussi l’extension progressive de~ droits politiques et la participation de plus en plus nombreuse des citoyens au gouverBemet~ nitm il n’admet pas da tout à prtcrt le p~S~ (~ge du gouvernement de tons par toas, q~ts F ’’Sst~a visée démocratique par excellence. Ce ~~Ltui importe avant tout, c’est qne le~ciio~ns soient libres et garantis dans leur liberté c’est de produire un maximum de

liberté sous un Mt !’M !mMm de gouvernement. n veut que les citoyens soient maitres de leurs personnes et de leurs affaires, mais il ne les admet à la gestion des affaires générales qu’en raison de certains titres~ établis ou dn moins prÈsumés. La démocratie ne considère que le droit, tandis qne le libéralisme tient aussi compte de la capacité. La démocratie yeut réaliser d’un coup un idéal absolu ; le libÉfatisme ne méconnatt pas cet idéal. mais il y tend par dM sp~s~-ttions successives est juste, eil-~mfipe~ue les affaires publiques soient gérées pa ? tous, mais il n’est pas toujours p~it~ic Ma~jompjir cette justice. La démocratie e< <r ?.aire, le libéralisme ne icpugne pas ab~~ment à une distinction de classes, à la condition que ces classes ne soient pas des castes fermées. La démocratie est révolutionnaire, le libéralisme est plutôt réformateur il respecte volontiers les faits historiques, et ne brise les obstacles qu’à son corps défendant. quand ils refusent de s’assouplir. Mais il faut qu’il soit actif et vigilant, et qu’il ait toujours l’œil ouvert sur les réformes possibles et opportunes, s’il ne vent être devancé par les impatiences de l’esprit démocratique. Celui-ci ne temporise ni ne réHéchit ; il procède par élans. et ]e libéralisme peut se trouver submergé, pour s’être quelque peu endormi. Dans ce cas. il ne proteste pas contre les faits accomplis, car il n’est pas plus réactionnaire que révolutionnaire, mais il s’efforce d’introduire par ~instruction la capacité dans les droits prématurément conquis, et, même en plein déluge démocratique, il garde son caractère particulier et sa raison d’être. Il sait que la démocratie ne peut s’affermir et durer qu’en se Ubéralisant, et il se fait un devoir de la libéraliser. Le dernier mot de la démocratie pure, c’est le mandat impératif qui repose à la fois sur la vaine hypothèse de l’égale capacité de tous, et sur l’idée, tout à fait logique au point de vue absolu de la souveraineté du peuple, de la supériorité des mandants sur le mandataire. Le libéralisme n’admettra jamais le mandat impératif ; il ne suppose pas chez tous les électeurs la capacité de gouverner ; il ne leur reconnait que la capacité de discerner ceux qui paraissent capables de prendre part au gouvernement. Il considère l’élection comme un hommage rendu à la supériorité, et le régime représentatif commetegouvernement de la nation par les plus dignes, désignés à ce titre et comme tels par leurs concitoyens. Une démocratie qui pousse la logique jusqu’au mandat impératif et qui s’y tient, ne peut pas subsister : car elle est contre ia nature des choses qui se venge toujours quand on ne la respecte pas.

La démocratie tend nécessairement à la république, le libéralisme n’y répugne pas et

n’en souhaite pas la chute quand elle est éta~~ie. Mais il s’accommode aussi fort bien de la ~~jtarchie constitutionnelle, et il ne s’occupe mi~Be pas de la fameuse question de savoir si le roL règne et ne gouverne pas. Cette question ta~t controversée a été mal posée et est tout à fait oiseuse. Ce qne le prince ne doit pas faire, Ct ce qu’il ne fera pas s’il comprend ses intérêts ,C’est d’organiser derrière son cabinet un gouvefpsmen t occulte, une eamartMS mais dès qu’il d~Lbére avec ses ministres, il participe au gouve~pemept~et sa part est exactement proportionnée~ ses facultés et à son ascendant. Qu’il persuad8~es ministres on se laisse persuader par eux, ee~~s regarde personne, dès que le cabinet assn&e la responsabilité du gouvernement devantes représen-