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LETTRES DE MARQUE. LIBÉRALISME.


avait refusé satisfaction pour une prise on un vol à main armée commis en temps de paix, le gouvernement des sujets lésés leur accordait, par des lettres de marque ou de représailles, )e droit de saisir les biens des auteurs dn dommage. On disait lettres de marque ou plutôt de marche, parce que c’était une permission de passer les limites (marches) du prince responsable. Ces lettres devaient faire mention de )a valeur des objets saisis ; elles permettaient d’arrêter ceux des sujets dn prince étranger qui avaient refusé !a restitution. Elles indiquaient qu’on avait donné caution. C’étaient des lettres déclaratives d’un droit de restitution à force ouverte, en tout temps, bien différentes des commissions en guerre, qui ne se donnaient qu’en temps de guerre, à des corsaires. On ne donne plus de lettres de marqne. On appelai : lettres tout court, dans les ports de Flandre et de Picardie, une commission que des armateurs prenaient d’un prince étranger pour faire ie commerce sous son pavillon ou pour armer en course contre ses ennemis. J. DE B.

CoxpAREZ BiocM, Piraterie, Prise. LETTRES PATENTES et LETTRES ROYAUX. Actes émanés dn roi, scellés du grand sceau et contre-signés. On les donnait pour concéder à un corps ou à un particulier un privilége, une grâce ou un octroi quelconque. On les appelait lettres de charte quand elles attribuaient un droit perpétuel ; telles étaient les lettres de grâce, rémission on abolition. Quand les lettres patentes étaient adressées à une cour, elles ne produisaient effet qu’après enregistrement. Cet enregistrement équivalait à un consentement. Ce droit fut consacré en )8t6 mais avant 1848, il était tom’bé en désuétude Ces lettres de grâce, rémission, abolition, comme celles de rescision,attache. légitimation coMBtt«t’mM<, noblesse, répit, reprenantes étaient adressées aux juges royaux, et s’appelaient lettres royaux. J. DE B.

CMftAitM Dteret, Loi, etc.

LEVANT. Foy. Capitulation*, Échelles, Francs, Orient, Phanarietes.

LEVEE EN MASSE. La levée en masse, c’està-dire la déclaration qne tout homme valide doit s’enrôler dans l’armée, a quelquefois été proclamée lors d’une invasion (en France, en Espagne, en Prusse). Que tout citoyen doive en ce cas le service militaire. cela est de toute évidence, la question est seuiement de savoir si le moyen est bon. En consultant l’histoire, nous trouvons qu’il était excellent dans les pays pauvres, où tous les hommes se sont groupés sons les drapeaux, et surtout à une époque où l’art militaire était encore assez primitif. Généralement on avait le- nombre pour soi et la défense pouvait être efficace. Elle l’était certainement dans un pays montagneux, parce que les hauteurs sont des forteresses naturelles, parce que les montagnards sont sobres et agiles, parce qu’ils aiment généralement t’indépendauce avec passion, et parce que l’ennemi trouve moins de ressources dans les montagnes.

Quand on est obligé de forcer les citoyens à s’enrôler, qu’on s’abstienne de proclamer la tevée en masse. Lorsque, par impossible, elle réussit dans ces conditions, ce n’est pas que le pays soulevé ait été fort, c’est que l’ennemi a été faible, c’est qu’il a tenté l’envahissement avec des forces disproportionnées à la grandeur de t’entreprise, et surtout avec des troupes mal disciplinées.

La levée en masse, –lorsqu’elle ne se borne pas aux hommes ayant déjà servi, ne peut pas être d’une grande etncacité contre des adversaires nombreux, armés des engins de destruction que notre époque sait inventer, et disposant de toutes les ressources de la science. Un patriote qui ne sait pas manier le fusil on obéir au commandement ne vaut pas, placé en ligne de combat, le plns ordinaire des soldats exercés de l’ennemi. Les phrases les plus sonores ne remplacent pas ces conditions matérie !!es et vulgaires. Or, lorsqu’on n’est pas convaincu d’avance que les flots de sang que la levée en masse fera couler, doivent avoir pour résultat la victoire, on ne devrait pas déchatner sur le pays un aussi grand Beau. Il ne faut pas oublier qne la levée en masse rend la guerre beaucoup plus acharnée, beaucoup plus cruelle ; que la propriété est détruite sur une grande éeheue et que plus on lutte avec passion, plus on attire de maux à sa patrie sans s’assurer la victoire. Or la guerre consiste à faire plus de mal à l’ennemi qn’à soi-même, et non à se faire plus de mal qu’à l’ennemi. En résumé, sauf dans quelques circonstances exceptionnelles, la levée en masse est un moyen qui a cessé d’être efficace ce sont des troupes régntiéres qu’il faut opposer aux troupes régulières si l’on veut se battre à armes égales. Lorsque t’armée réguUêre est vaincue, ii n’y a qu’une chose à faire : une paix aussi peu désavantageuse que possible. En prolongeant la lutte on peut s’exposer à donner à la défaite la proportion d’un désastre, car comment espérer qne des recrues démoralisées résisteront avec succès à une armée victorieuse 1 M. B.

LIBELLE. Voy. Pamphlet.

LIBÉRALISME. Le mot est moderne et presque contemporain ; mais la chose est ancienne et procède de la nature humaine elle-même, et des meilleurs germes déposés en elle, la raison et là bienveillance. Le mot est complexe et comporte des acceptions diverses, mais qui impliquent toutes une certaine hauteur de vues, une certaine générosité de sentiment, et qui toutes se ramènent à l’idée que rhumanité a d’elle-mème et de sa dignité, à sa confiance en ses forces, à la capacité et au droit qu’elle s’attribue de vivre librement et de ~e gouverner, sans toutefois se croire infaillible, de s’éclairer par la discussion, et de se corriger par l’expérience même de ses erreurs. Le tibératisme est