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main ; et quand fOM ne me ~o~tertM qu’un pe«< chien pour me diriger et pour calmer l’acitation de mon esprit troublé, je lui obéirais comme à mon mattre et je le suivrais comme mon guide. »

Ainsi, la crainte des nobles agitations de l’âme, le prurit du repos, le besoin de trouver un guide quel qu’il soit, voilà, on n’en saurait douter, l’inspiration première d’Ignace de Loyola. L’ordre qu’il fonde a donc pour mission d’obéir et de faire obéir il représente la discipline absolue ; il s’appelle lui-même une compagnie, et il mérite ce nom militaire il fut, dés l’origine, et il resta constamment l’armée permanente de la papauté, et non pas de la papauté prise comme institution chrétienne, mais de la papauté considérée comme une souveraineté absolue..

De là sa législation qui n’a presque rien de commun avec celle des autres ordres religieux. Dans ceux-ci la règle visait à la perfection intérieure, et l’action extérieure restait subordonnée à ce travail intime de la transformation de l’àme. Chez les Jésuites, c’est précisément le contraire : ils ne portent point un costume qui les sépare du monde ils n’ont point d’exercices de piété ou de pénitence particulière ils ne sont_pas même astreints à la lecture du bréviaire leurs obligations se rapportent toutes à la vie du dehors ; mais celle-là est réglementée dans ~ous les détails en apparence les plus insignifiants « Ils doivent, dit Ignace, tenir la tête un peu baissée sur le devant, sans la pencher ni d’un coté, ni de l’aLtre ; ne point lever les yeux, mais les tenir constamment au-dessous de ceux des personnes à qui ils parlent, de façon à ne les voir qu’M~M’ec<emeH< ils doivept tenir leurs lèvres ni trop ouvertes, ni trop fermées ; ne rider ni le front ni le nez, et avoir l’air plutôt aimable et content que triste. a

Tout le monde sait que l’obéissance sans limites a toujours été le principe souverain des jésuites. Leur chef se nomme général. U est élu à vie. U reçoit dans l’ordre qui bon lui semble il en chasse qui il veut. II convoque les congrégations générales et rien ne s’y fait sans son approbation. n nomme à tous les emplois, sauf à l’emploi d’assistant et d’admoniteur. II pent faire des lois nouvelles, abolir les anciennes ou en dispenser. Les membres de l’association ne doiventjamais examiner et discuter ce qu’il ordonne.

L’admoniteur et les assistants, élus en congrégation générale, ont pour mission de surveiller le général ; mais leur autorité n’a jamais été que active, puisque le pouvoir législatif est placé tout entier entre les mains du général. Sons ce chef suprême s’étage de degrés en degrés une vaste hiérarchie de dignitaires tous subordonnés les uns aux autres comme dans une armée, depuis les provinciaux et les examinateurs jusqu’aux novices, en passant par l’intermédiaire des profès à quatre vœux et des profès à trois vœux, qui forment l’état-major de la compagnie.

Les profès des quatre vœux ne peuvent rien posséder ; mais ils demeurent avec les antres membres de la soe !é(6, qui peuvent posséder en laissant l’nsage de leurs biens à leurs supérieurs. C’est par ce biais que la compagnie de Jésus a su accumuler des richesses si considérables. Dès l’origine, elle s’est montrée trèssoucieuse d’en acquérir et de les conserver. Pour s’emparer d’une veuve riche, disent les JfoKt~a secreta, on choisira un Père d’un âge assez avancé, mais d’un caractère jovial et d’une conversation amusante. Après cela, on lui donnera un confesseur, qui cherchera surtout à lui faire chérir son état de veuvage. On remplacera peu à peu les anciens domestiques par de nouveaux qui soient atTectionnés à la compagnie. On la traitera avec douceur en confession ; on sera indu)gent sur le chapitre de la coquetterie. et l’on pourra ainsi l’amener à abandonner ses biens à la compagnie, si elle n’a pas d’enfants 1

Ce n’est pas que les Jésuites voulussent acquérir pour jouir ; il y a même lieu de remarquer que généralement leurs mœurs privées ont laissé peu de prise à la critique l’ambition collective les a préservés du relâchement individuel, et par une secrète connexion des choses qui mérite d’être relevée par l’observateur, c’est l’ordre religieux où l’on s’est le moins mortifié, qui a su le mieux obéir au vœu de chasteté. La richesse, pourla compagnie d’lguace de Loyola, c’était le budget du régiment, c’était un moyen d’agir sur la société, un élément de conquête. Sous ce rapport, comme sous quelques antres, la nouvelle société avait recn l’empreinte et l’inspiration des temps nouveaux seulement elle n’en comprenait que les données positives, les petits côtés matériels. Une bonne consigne, une discipline exacte et une caisse bien remplie voilà son idéal.

On comprend d’après cela que la compagnie, ou, disons mieux, l’armée de Loyola se proposa deux tàches fort distinctes la première, c’était de maintenir l’ordre matériel à l’intérieur de la société chrétienne ; la seconde, c’était d’étendre les frontières de cette société.

C’est dans cette seconde partie de leur œuvre dans les missions, que les Jésuites ont déployé le plus de vertus et quelquefois même l’intelligence la plus large, unie à l’activité la plus infatigable. Cependant il est incontestable que le caractère ultra-conservateur de leur institution les conduisit souvent aux actes les plus étranges, et qu’ils unirent par être, même comme missionnaires, bien plutôt les apôtres d’une sorte d’autorité religieuse indéfinie que de. l’esprit évangéliqne. Toujours préoccupés de la question du budget, ils n’entreprenaient guère de mission sans lui joindre des spéculations commerciales ;~ bientôt ces spéculations acquéraient à leurs yeux une importance capitale qui leur faisait oublier, non-seulement leurs idées religieuses, mais ce qu’un homme doit à son propre honneur. Il n’est guère possible de douter, par exemple, qu’ils ne se soient ]. LM Monita M<-re<a qn’on a tttribnéa MX JéMtite*, paraissent déponrym de tonte authenticité Us n’en eeMtîtnent pas moius nn document trèa-earienx.