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surtout en Égypte (Coptes) et en Éthiopie. Ils font précéder le baptême de la circoncision et n’admettent pas la Trinité.

JACQUERIE. Voy. Paysans.

JACQUES BONBONNE. Expression familière pour désigner le peuple français. On sait qu’elle date, a :: moins, du commencement du quatorzième siècle, et que, dans tous les cas, elle est antérieure au soulèvement des paysans dit Jacquerie (t358).

Jacques Bonhomme est doux, mais mal !.n, gai et léger, assez économe, à la fois vif, aimant la nouveauté, et routinier. Ilsupporte beaucoup ; mais quand les digues de sa patience sont rompues, ses passions, déchaînées comme le torrent qui déborde, renversent tout sur leur chemin.

CoMPtBKZ John Bull, Jonathan, Miche), Yankee. JANISSAIRES. Corps d’élite de l’armée tnrque formant les gardes des sultans. Les Turcs n’avaient dans l’origine que de la cavalerie. Orkhan créa des fantassins, appelés yayas ; mais il ne put les discipliner. Il inventa une armée de prisonniers chrétiens instruits dans l’islamisme et formés à tous les genres de fanatismes. Amurat les organisa. Il les Ht bénir par Hadji-Scktacbé. fondateur des derviches beU~ctds. Ce saint homme leur donna le nom de nouveaux soldats (yeni-tchéri), et leur souhaita un aspect redoutable, des mains victorieuses, des glaives tranchants, etc. Après ces vœux caractéi’stiques, il mit sa manche de feutre sur la tète du chef, et dès lors on donna des chapeaux de feutre à tous les soldats. Ils adoptèrent comme frères les bektachis. On leur adjoignit des Esclavons, des enfants chrétiens fournis par tributs ou volés. Tous étaient assujettis à la vie commune et au célibat. On leur assigna des lots de terre, appelés timars. Cet ordre militaire fut une des plus eBroyabics créations du despotisme. Ces infortunés, violemment convertis, enlevés à leur patrie, à leur famille, s’attachèrent d’abord à leurs maitres en désespérés. La conquête les augmenlait, et ils augmentaient la conquête, ils étaient très-forts contre l’Europe par leur fanatisme, et parce qu’ils formèrent pendant un siècle la seule armée permanente et régulière. On les recruta ensuite parmi les Albanais, les Bosniens, les Bulgares, convertis à l’islamisme, puis des Turcs mêmes, pris dans

toutes les provinces. Amurat ttt (1574-1595) y mit des voleurs et des gens sans aveu. La première année ils n’étaient que 1,000. On en ajouta 1,000 tons les ans. Ils étaient 200,000 sous Mahomet tV, mais il n’y en eut jamais que 25,000 à Constantinople eenx-]â s’appelaient vrais janissaires. Beaucoup, eneCet,se faisaient t enrôler dans ce corps sans servir et pour jouir de privilèges tels qne celui d’être jugés par leurs pairs, très-sévères sur les fautes de diseipHnc, très-indulgents sur toutes les autres, système destiné à faire de ces soldats des ennemis de la nation et de tous tes hommes. Leurs officiers s’appelaient grand faiseur de soupe, grand cuisinier, premier marmiton, premier porteur d’eau. Ces noms de professions sont honorifiques en Turquie. Voltaire remarque qu’un vizir s’appelait le chaudronnier, un autre le bûcheron. Les janissaires tenaient leurs marmites en grand honneur. Ils étaient plus honteux de les perdre que les Spartiates de perdre leurs boucliers. Ce symbolisme tenait à ce que le sultan était ou devait être le père nourricier des janissaires.

On leur associa ensuite des pompiers, des jardiniers. Ils purent bientôt se marier, et alors ils se perpétuèrent par succession. Mais leur nombre diminua progressivement ; d’abord la plus forte armée de l’Europe, ils devinrent la plus faible. De plus, la tactique des armées européennes devenait plus savante ; et les janissaires ne ventaient pas changer la leur. Ou leur faisait prêter deux serments, d’obéir toujours au sultan et d’être toujours de l’avis de leurs camarades. M arriva souvent que l’esprit de corps fut plus séduisant que l’obéissance. Ils avaient d’ailleurs à gagner aux changements de règne ; leur paye augmentait à chaque avénement, c’était comme le doMa<vunx des prétoriens.

Ils refusèrent de suivre Sélim le’ dans ses conquêtes. Ils déposèrent six sultans.Ils en tuèrent deux l’un était ce Sélim 1)1 qui voulut créer une armée disciplinée, qui envoya des ingénieurs au siège de Saint-Jean d’Acre, et qui arma ses soldats à t’européeune. Mais ce fut leur dernier crime. Mahmoud successeur de Sé)im, songea à se préserver d’une fin semblable, et ne pouvant tenter ("’vertement l’abolition des janissaires, il tes Natta d’abord, se fit recevoir dans une orta (compagnie), et jura de les conserver. H les envoya contre les Grecs, et en 1826 découvrit lentement ses desseins. Il avait résolu de créer une infanterie disciplinée, prise parmi eux. Il avait gagné les muftis, les ulémas, même les janissaires il augmentait leur solde et conservait leurs priviléges. Cette habileté aurait réussi s’il n’avait voulu changer leur costume et les faire instruire par des officiers égyptiens. A cette prétention, ils se révoltèrent. Plusieurs allèrent à l’Atméidani (l’hippodrome de Constantin) et y portèrent leurs marmites, en signe de convocation. Tous ceux de Constantinople y vinrent, pillèrent le palais du grandvizir et demandèrent sa tète. Mahmoud déploya 1 étendard sacré, le cafetan vert du prophète. L’armée ordinaire le suivit contre les janissaires. On en tua 3 à 4,000 dans la bataille ; on en massacra toute la nuit. Pendant deux mois et demi, Une commission militaire en Ot exécuter 3,000, en exila 26,000 en Asie. On défendit de leur donner asile.

Alors la pitié s’émut. On les recueillit, on les fit passer du côté d’Andrinople et dans les forêts de Belgrade. Beaucoup retrouvèrent là leur pairie, leur famille, les choses oubliées. La dissolution des janissaires fut prononcée~ On attribua à leur vengeance un incendie qui