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CONDITIONNEMENT, 2-9

Enfin M. L. Talabot imagina, en 1831, un procédé, qui consiste 1" à déterminer le poids de la soie amenée à un état de siccité absolue ; 2° à augmenter ce poids d’une quantité numérique égale à la quantitéd’humidité que peut renfermer habituellement la soie, afin d’établir le poids marchand. C’est ce procédé qui, maintenant, est généralement en usage, sauf un perfectionnement que l’ersoz introduisit dans l’appareil, et qui accélère l’opération sans nuire au produit.

2. Après avoir constaté le poids net du ballot à conditionner, on en extrait trente matteaux[1], pris à trente places différentes, et on les renferme dans un récipient hermétiquement clos pour les transporter au bureau de conditionnement. Là l’échantillon est divisé en trois lots de dix matteaux chacun ; on établit entre ces lots un équilibre hygrométrique ; on en détermine le poids à des balances de précision, puis on met un des trois lots en réserve pour l’employer ultérieurement comme moyen de contrôle, s’il y a lieu, et l’on soumet à la dessiccation les deux autres, chacun séparément, dans un appareil composé de deux cloches, dont l’une, renversée, l’ouverture en l’air, est recouverte entièrement par 1 autre. Chaque lot de soie, légèrement serré par un fil pour qu’il ne puisse toucher à la paroi intérieure, est tenu en suspension par une petite tringle qui passe verticalement par le sommet de la cloche supérieure et dont la tête est accrochée, en dehors de l’appareil, à l’extrémité de l’un des bras du fléau d’une balance. Un courant d’air chaud et sec pénètre les échantillons, en portant la température à 108 degrés centigrades. Toutes les demiheures on constate le degré d’évaporation par le pesage, sans déranger les échantillons, et lorsqu’ils sont restés une demi-heure sans variation dans la balance, on reconnaît que la soie ne dégage plus d’humidité.

3. On compare alors les pertes au cent éprouvées par les deux lots. S’il n’existe pas entre les deux résultats une différence de plus d’un demi pour cent, la moyenne sert de base pour la fixation du poids absolu du ballot entier. Si l’on constate une différence qui excède un demi pour cent, sans dépasser un pour cent, le troisième lot mis en réserve est soumis à la dessiccation absolue. Si la perte au cent qu’il éprouve n’offre pas une différence de plus d’un pour cent entre elle et celle des deux autres lots, on prend la moyenne des trois résultats mais si la différence excède un pour cent, on soumet à la dessiccation absolue les trois lots ensemble et l’on prend la moyenne des résultats obtenus. De même, lorsqu’il existe sur les deux lots de la première opération une différence de plus d’un pour cent, on les soumet de nouveau à la dessiccation avec le troisième, et la moyenne des résultats sert de base pour déterminer le poids du ballot à l’état de siccité absolue. Comme cet état n’est pas normal, la soie contenant naturellement une certaine quantité d’humidité qui est admise dans les transactions commerciales, on est convenu de fixer uniformément le poids de cette quantité à 11 pour cent qui, ajoutés au poids absolu, constituent le poids marchand.

4. Ce procédé joint à la célérité d’exécution une exactitude rigoureuse et n’occasionne aucun déchet, les échantillons conservant toutes leurs propriétés pour la consommation. Aussi lorsqu’il fut complètement éprouvé, on se demanda s’il ne serait pas possible de l’appliquer à la laine. Ce problème, après de longues expériences faites par M. Delafraie, de Reims, fut soumis en 1852 à un congrès de fabricants et de marchands réunis dans ce grand centre du commerce des laines, et de nouvelles expériences qui eurent lieu sous la direction de Persoz, levèrent tous les doutes. On constata qu’aux différents degrés de température les laines se comportaient absolument comme les soies et que les mêmes appareils pouvaient les amener à la siccité absolue sans nuire à leurs propriétés. Seulement, la laine étant plus hygrométrique que la soie, il fut décidé que la quantité numérique à ajouter au poids absolu du premier de ces produits pour constituer le poids marchand, serait fixée à 15 pour cent. (D. 20 juill. 1853 ; Arr. min. Ssept. 1853.) Depuis lors le conditionnements’estétendu aux cotons etautres fibres textiles.

CHIP. Il. TITEAGI DES SOIES ET HUMÉH0TA6E DES LAIH2S ET AUTRES FIBRES TEXTILES.

5. Le titrage a pour objet de constater le degré de grosseur d’une soie filée, en établissant le rapport qui existe entre le poids et la longueur. Le procédé qui donne les résultats les plus exacts est encore dû à Persoz. On prend, aux quatre coins et au centre du ballot, cinq matteaux, de chacun desquels on extrait quatre écheveaux. On forme ainsi vingt échantillons, dont on constate le poids moyen à l’air libre, par doubles pesées, et en comparant ce poids avec la longueur, on obtient le titre moyen du ballot. Mais comme ce titre est variable suivant l’état hygrométrique de la soie, on soumet ensuite à la dessiccation les mêmes échantillons, et l’on en constate le poids moyen à l’état de siccité absolue ; puis, en comparant ce poids avec la longueur, on obtient un second titre moyen, qui est invariable. Dans certains bureaux on préfère prendre six matteaux et extraire de chacun d’eux trois écheveaux.

6. Le titrage des soies gréges diffère de celui des soies ouvrées en ce qu’on prend seulement quatre matteaux dans la balle et trois écheveaux sur chacun de ces matteaux.

7. Le numérotage des laines, cotons et autres fils a pour objet d’en constater le degré de finesse. Lorsque le fil est en écheveaux, on en prend cinq ou six dans cinq ou six paquets différents, et lorsque le fil est bobiné, cinq ou six bobines. Puis on fait autant d’essais, et le poids moyen détermine le nombre de mille mètres au kilogramme.

CHAP. III. DÉCREUSAGE DES SOIES.

8. Cette opération est destinée à constater la quantité de grès ou corps gras que peuvent contenir les soies après le moulinage ou la teinture. Elle consiste à comparer le poids d’un lot de soie savonné, rincé et séché à l’absolu, avec le poids d’un autre lot du même ballot de soie, séché à l’absolu sans avoir été préalablement savonné.

CHAP. IV. ÉTABLISSEMENT ET GESTION DES BUREAUX.

9. Les bureaux publics dans lesquels s’exécutent les différentes opérations indiquées aux cha-

  1. Assemblage d’écheveaux de soie réunis par une ficelle nouée. (Acad. fr.)