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BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES, 11-17.

nables et des constructions nouvelles, ont assuré pour un long avenir les besoins du service.

11. La révolution de 1789 a marqué une ère nouvelle pour la bibliothèque, qui prit alors le nom de Bibliothèque nationale. Elle s’enrichit, dans d’énormes proportions, des manuscrits et livres les plus précieux des monastères, abbayes et autres établissements supprimés, ainsi que du produit des confiscations révolutionnaires : elle n’a pas cessé de s’accroître par le dépôt légal et par les acquisitions que tous les Gouvernements ont faites pour elle.

12. L’existence de tant de richesses accumulées (aujourd’hui plus de deux millions d’imprimés et 85,000 manuscrits) pourrait être compromise et perdrait beaucoup de son utilité si l’on ne dressait pas un inventaire exact et complet. La confection des catalogues était ordonnée et commencée depuis longtemps ; mais, soit par l’insuffisance des fonds alloués pour cet objet, soit par d’autres motifs, les travaux restaient en souffrance et laissaient un arriéré considérable. Dans les dernières années du règne de Louis-Philippe, les Chambres avaient alloué 1,200,000 fr. à employer en dix ans pour pourvoir au catalogue des livres imprimés, aux reliures arriérées des livres et des manuscrits, au catalogue des estampes et des cartes. Enfin, pour donner une impulsion sérieuse à l’achèvement des travaux de catalogue, un administrateur adjoint, créé par décret du 24 janvier 1852, fut spécialement chargé de les surveiller et diriger. Cette mission, confiée à M. Taschereau, a produit d’excellents résultats : le catalogue des imprimés est à jour pour certaines parties, très-avancé pour d’autres ; en 1875, dix volumes consacrés à l’histoire de France, et deux volumes consacrés aux sciences médicales ont été publiés et mis dans le commerce. Quant aux manuscrits, le catalogue des manuscrits hébreux, celui des manuscrits syriaques, et deux volumes du catalogue des manuscrits français ont vu le jour ; l’inventaire des manuscrits latins qui sont entrés à la bibliothèque jusqu’au 1er mars 1874 a également été publié.

13. Les premières assemblées politiques de la Révolution s’occupèrent, à plusieurs reprises, de la Bibliothèque nationale. La Convention lui donna, par le décret du 25 vendémiaire an IV, une organisation complète ; elle en confia l’administration à huit conservateurs, et fixa le nombre des départements à quatre ; conformément à l’esprit démocratique de l’époque, les conservateurs, égaux entre eux, choisissaient eux-mêmes, parmi eux, un directeur qui était renouvelé tous les ans.

14. La Restauration modifia ce régime ; une ordonnance du 2 novembre 1828 établit cinq départements au lieu de quatre, et mit à la tête de chacun d’eux un conservateur administrateur nommé par le roi. Les cinq conservateurs réunis formaient le conservatoire et nommaient pour un an un président : il pouvait être créé des conservateurs adjoints, nommés par le ministre de l’instruction publique.

15. Après la révolution de Juillet, le Gouvernement fit examiner par une commission l’organisation de la Bibliothèque royale ; voulant conserver les avantages du régime de l’an IV, en y ajoutant ceux de l’unité de direction, et introduire les perfectionnements exigés par l’extension toujours croissante de ce vaste dépôt, l’ordonnance du 14 novembre 1832 ramena à quatre le nombre des départements, les divisa tous en sections, et les confia à des conservateurs et à des conservateurs adjoints. Ceux-ci furent admis aux séances du conservatoire. Un directeur était nommé pour cinq ans par le ministre, sur une liste de candidats présentés par le conservatoire, et investi d’attributions nouvelles. Chaque conservateur fut autorisé à présenter des surnuméraires, admis, après concours, comme auxiliaires et comme employés salariés.

De profondes modifications furent apportées à cette ordonnance par celle du 22 février 1839 sur les bibliothèques publiques ; le titre Ier, consacré à la bibliothèque du roi, y établit six départements divisés en sections, fit entrer les plus anciens conservateurs adjoints dans le conservatoire, et mit à la tête de l’administration, avec des pouvoirs très-étendus embrassant toute la direction du service actif, un administrateur général.

Cette organisation excita de vives réclamations auxquelles il fut fait droit par l’ordonnance du 2 juillet 1839, contenant le règlement détaillé de l’organisation de la bibliothèque. Les départements sont ramenés à quatre, confiés chacun à deux conservateurs, auxquels peuvent être ajoutés des conservateurs adjoints. Le conservatoire est présidé par un directeur nommé par le roi. L’ordonnance règle ensuite ce qui concerne les fonctions particulières des conservateurs et les attributions du conservatoire, les attributions et la responsabilité du directeur.

L’unité de direction et la régularité du service ne paraissent pas avoir été suffisamment garanties par ces dispositions ; une ordonnance du 2 septembre 1847, promulguée le 5 avril 1848, rendit au directeur de la bibliothèque le titre d’administrateur général et les attributions qui lui étaient conférées par l’ordonnance du 22 février 1839.

Un décret da 14 juillet 1858 a réorganisé la bibliothèque dont l’administration et la direction sont confiées à un administrateur général. D’après ce décret, la bibliothèque, divisée en quatre départements (imprimés, manuscrits, médailles, estampes), demeure ouverte pendant toute l’année, excepté pendant la quinzaine de Pâques ; la durée des séances a été portée à six heures. Des cartes sont délivrées aux personnes qui désirent travailler dans les différents départements ; mais une salle spéciale, contenant environ 30,000 volumes choisis dans les diverses sections bibliographiques, est ouverte tous les jours, même le dimanche ; le public est admis dans cette salle sans avoir à remplir aucune formalité.

16. Un cours d’archéologie est annexé à la bibliothèque nationale. L’école des Chartes et l’école des langues orientales vivantes, qui ont eu longtemps leur siége à la bibliothèque, en ont été détachées et forment aujourd’hui des établissements indépendants qui relèvent directement du ministère de l’instruction publique.

17. Les riches bibliothèques de l’Arsenal, Mazarine et de Sainte-Geneviève sont régies, d’après le titre II de l’ordonnance du 22 février 1839, par un conservateur administrateur, des conservateurs, des conservateurs adjoints, des bibliothécaires et sous-