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ANNUAIRE DE LA MARINE — ANNUAIRE MILITAIRE

ANNUAIRE DE LA MARINE ET DES COLONIES. 1. Le premier Annuaire de la marine qui ait été publié porte la date de 1763 et a pour titre : Étrennes maritimes pour l’année 1763. C’est un petit volume in-32 de 90 pages d’impression qui contient des idées générales sur la marine et les bâtiments de la flotte, l’explication de quelques termes de marine, la liste des vaisseaux offerts au roi et l’état des officiers de la marine à la fin de l’année 1762. Avant cette époque, ces états étaient faits à la main pour l’usage du roi, de l’amiral et du secrétaire d’État chargé du département de la marine ; la collection de ces états qui existe aux archives du ministère de la marine, remonte à l’année 1663. À partir de l’année 1766, cette publication prit le titre d’État de la marine qu’elle changea en 1803 pour celui d’État général de la marine, et, en 1852, pour celui d’Annuaire de la marine et des colonies. Le format des annuaires s’est successivement agrandi : jusqu’en 1819, il resta in-32 ; en 1811, on commença à publier, concurremment avec l’édition in-32, une édition in-4o qui fut supprimée en 1864. En 1820, le format in-32 fut remplacé par le format in-8o qui existe actuellement.

2. L’Annuaire qui, depuis 1763 jusqu’en 1836, n’avait contenu que la liste des fonctionnaires et des officiers du département de la marine, fut augmenté, en 1837, de la nomenclature des bâtiments de tous rangs composant la flotte.

3. En 1838, le ministre ordonna de publier en outre :

1o Un état indiquant le nom, la force et la destination de chaque bâtiment, le nom du capitaine et du second ; le nom du capitaine et du lieutenant des compagnies permanentes composant son équipage, le numéro de chaque compagnie ;

2o Le titre des lois, arrêtés, décrets, ordonnances et règlements, ainsi que les décisions ministérielles qui régissent le personnel de la marine, avec l’indication des recueils officiels qui les renferment in extenso.

4. Depuis 1838, non-seulement les mêmes documents ont été insérés dans l’Annuaire, mais le ministre prescrivit d’ajouter à la liste du personnel de l’état-major militaire des bâtiments armés, celle du personnel de l’état-major civil, et de faire connaître également les bâtiments portant le pavillon des officiers généraux de la marine commandant à la mer, ainsi que la date de la prise de possession du commandement pour chaque bâtiment.

Interrompue à partir de l’année 1853, la publication de la liste des bâtiments armés avec la composition de leurs états-majors fut reprise en 1872.

5. Quant au Répertoire des lois, décrets, ordonnances, arrêtés, décisions et circulaires relatifs à l’organisation des différents corps de la marine, il fut détaché de l’Annuaire à partir de l’année 1872 pour former une publication distincte qui paraîtra à l’avenir suivant les nécessités du service.

ANNUAIRE MILITAIRE. 1. De 1699 à 1750, l’Almanach royal offrait l’unique nomenclature générale, mais fort abrégée, des officiers de l’armée. En 1750 parut pour le département de la guerre le premier état militaire spécial beaucoup plus développé, et peu de temps après un état semblable fut imprimé pour le département de la marine. Quoique dressés annuellement sur des renseignements puisés à bonnes sources, ni l’un ni l’autre n’étaient officiels. Cependant, un document authentique de cette nature sortit, en 1773, des presses de l’imprimerie royale, sous le titre de Tableau chronologique de l’armée depuis la création des régiments jusqu’en 1773, etc. ; il n’a point eu de suite, et il est devenu très-rare. Les états militaires et ceux de la marine (Voy. Annuaire de la marine) n’indiquaient que les noms des officiers de toutes armes et de tous grades ; mais le chiffre de l’effectif des troupes n’était pas publié. Ces deux recueils ont duré jusqu’en 1793.

2. Entre 1793 et 1805, il n’y a traces que de tentatives incomplètes, non autorisées, presque aussitôt abandonnées que conçues, parmi lesquelles figurent celles d’un sieur Roussel et de l’adjudant commandant Champeaux. Les longues guerres de l’empire qui virent se succéder tant de milliers d’officiers auraient rendu bien difficile la continuation des états militaires et de la marine, et on ne connaît de cette époque que le livret d’emplacement des troupes, document périodique, mais confidentiel, et dont l’utilité a maintenu l’usage. En 1813, le Duc de Feltre, ministre de la guerre, voulut rétablir l’ancien état militaire ; mais le moment étant encore moins favorable qu’auparavant, ce projet ne se réalisa pas.

3. L’Annuaire militaire, tel qu’il existe aujourd’hui, a été créé par l’ordonnance royale du 17 novembre 1819, qui en concéda le privilége à M. F. X. L. Levraut, et prescrivit au ministre de la guerre de fournir tous les renseignements nécessaires pour sa confection. Aux termes des instructions sur les revues annuelles, les officiers y sont inscrits dans l’ordre de leur ancienneté de grade, et les inspecteurs généraux sont tenus d’y recourir pour opérer leur classement, à moins qu’il ne leur soit présenté des lettres ministérielles d’une date postérieure au dernier Annuaire. Ainsi s’est réalisée l’une des principales améliorations dues à la loi du 10 mars 1818, à cette belle loi Saint-Cyr, qui, la première, est venue établir et régler les conditions de l’avancement au choix et les droits de l’ancienneté.

4. Les officiers de tous grades et de toutes armes appartenant soit à l’état-major général, soit aux corps de l’armée, les officiers de l’intendance militaire, les officiers de santé, les agents de tous les services administratifs de la guerre, le personnel du commandement et de l’administration des écoles militaires et des invalides, celui de l’administration centrale et des bureaux du ministère, enfin le comité du Conseil d’État de la guerre, les comités d’armes et les commissions de classement prennent place dans l’Annuaire.

L’importance qu’il a acquise vis-à-vis de nombreux intéressés témoigne suffisamment du soin et de l’exactitude auxquels l’éditeur, dans la famille duquel il est resté jusqu’à ce jour, a dû s’assujettir, et sa publication est une garantie nouvelle pour le plus sacré de tous les droits des officiers, celui de l’ancienneté. Genty de Bussy.

Par suite des événements, l’Annuaire militaire n’a pas paru en 1871 et 1872 ; en 1873 il a pris le titre d’Annuaire de l’armée française.