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vivantes. Ces reines-esclaves sont cependant de la même pâte que leurs heureuses sujettes. Les cent corps simples en font tous les frais. Mais ceux-là ne retrouveront la fécondité qu’en dépouillant la grandeur. Maintenant flammes éblouissantes, ils seront un jour ténèbres et glaces, et ne pourront renaître à la vie que planètes, après le choc qui volatilisera le cortège et sa reine en nébuleuse.

En attendant le bonheur de cette déchéance, les souveraines sans le savoir gouvernent leurs royaumes par les bienfaits. Elles font les moissons, jamais la récolte. Elles ont toutes les charges, sans bénéfice. Seules maîtresses de la force, elles n’en usent qu’au profit de la faiblesse. Chères étoiles ! vous trouvez peu d’imitateurs.

Concluons enfin à l’immanence des moindres parcelles de la matière. Si leur durée n’est qu’une seconde, leur renaissance n’a point de limites. L’infinité dans le temps et dans l’espace n’est point l’apanage exclusif de l’univers entier. Elle appartient aussi à toutes les formes de la matière, même à l’infusoire et au grain de sable.

Ainsi, par la grâce de sa planète, chaque homme possède dans l’étendue un nombre sans fin de doublures qui vivent sa vie, absolument telle qu’il la vit lui-même. Il est infini et éternel dans la personne d’autres lui-même, non-seulement de son âge actuel, mais de tous ses âges. Il a simultanément, par milliards, à chaque seconde présente, des sosies qui naissent, d’autres qui meurent, d’autres dont l’âge s’échelonne, de seconde en seconde, depuis sa naissance jusqu’à sa mort.

Si quelqu’un interroge les régions célestes pour leur demander leur secret, des milliards de ses sosies lèvent en même temps les yeux, avec la même question dans la pensée, et tous ces regards se croisent invisibles. Et ce n’est