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nomènes physiques, mais elle bouleverse l’humanité. Il faut donc prévoir cette influence subversive qui change le cours des destinées individuelles, détruit ou modifie les races animales, déchire les nations et culbute les empires. Certes, ces brutalités s’accomplissent, sans même égratigner l’épiderme terrestre. La disparition des perturbateurs ne laisserait pas trace de leur présence soi-disant souveraine, et suffirait pour rendre à la nature sa virginité à peine effleurée.

C’est parmi eux-mêmes que les hommes font des victimes et amènent d’immenses changements. Au souffle des passions et des intérêts en lutte, leur espèce s’agite avec plus de violence que l’océan sous l’effort de la tempête. Que de différences entre la marche d’humanités qui ont cependant commencé leur carrière avec le même personnel, dû à l’identité des conditions matérielles de leurs planètes ! Si l’on considère la mobilité des individus, les mille troubles qui viennent sans cesse dévoyer leur existence, on arrivera facilement à des sextillions de sextillions de variantes dans le genre humain. Mais une seule combinaison originale de la matière, celle de notre système planétaire, fournit, par répétitions, des milliards de terres, qui assurent des sosies aux sextillions d’Humanités diverses, sorties des effervescences de l’homme. La première année de la route ne donnera que dix variantes, la seconde dix mille, la troisième des millions, et ainsi de suite, avec un crescendo proportionnel au progrès qui se manifeste, comme on sait, par des procédés extraordinaires.

Ces différentes collectivités humaines n’ont qu’une chose de commun, la durée, puisque nées sur des copies du même type originel, chacune en écrit son exemplaire à sa façon. Le nombre de ces histoires particulières, si grand qu’on le fasse, est toujours un nombre fini, et