Page:Blanqui - L’Éternité par les astres, 1872.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naisons dépendent d’un nombre bien restreint, cent. Les astres différenciés ou types sont dès lors réduits à un chiffre limité, et l’infinité des globes ne peut surgir que de l’infinité des répétitions.

Ainsi, voilà les combinaisons originales épuisées sans avoir pu atteindre à l’infini. Des myriades de systèmes stello-planétaires différents circulent dans une province de l’étendue, car ils ne sauraient peupler qu’une province. La matière va-t-elle en rester là et faire figure d’un point dans le ciel ? ou se contenter de mille, dix mille, cent mille points qui élargiraient d’une insignifiance son maigre domaine ? Non, sa vocation, sa loi, c’est l’infini. Elle ne se laissera point déborder par le vide. L’espace ne deviendra pas son cachot. Elle saura l’envahir pour le vivifier. Pourquoi, d’ailleurs, l’infini ne serait-il pas l’universel apanage ? la propriété du brin et du ciron aussi bien que du grand Tout ?

Telle est en effet la vérité qui ressort de ces vastes problèmes. Écartons maintenant l’hypothèse qui a fait jaillir la démonstration. Les systèmes planétaires ne fournissent nullement, on le pense bien, une carrière contemporaine. Loin de là : leurs âges s’enchevêtrent et s’entrecroisent dans tous les sens et à tous les instants, depuis la naissance embrasée de la nébuleuse jusqu’au trépassement de l’étoile, jusqu’au choc qui la ressuscite.

Laissons un moment de côté les systèmes stellaires originaux, pour nous occuper plus spécialement de la terre. Nous la rattacherons tout à l’heure à l’un d’eux, à notre système solaire, dont elle fait partie et qui règle sa destinée. On comprend que, dans notre thèse, l’homme, pas plus que les animaux et les choses, n’a de titres personnels à l’infini. Par lui-même, il n’est qu’un éphémère. C’est le globe dont il est l’enfant qui le fait participer à son brevet d’infinité dans le