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son lecteur sur une hypothèse posée dans le vide, et de le planter là.

La chaleur, la lumière, ne s’accumulent point dans l’espace, elles s’y dissipent. Elles ont une source qui s’épuise. Tous les corps célestes se refroidissent par le rayonnement. Les étoiles, incandescences formidables à leur début, aboutissent à une congélation noire. Nos mers étaient jadis un océan de flammes. Elles ne sont plus que de l’eau. Le soleil éteint, elles seront un bloc de glace. Les cosmogonies qui prétendent le monde d’hier peuvent croire que les astres en sont encore à brûler leur première huile. Après ? Ces millions d’étoiles, illumination de nos nuits, n’ont qu’une existence limitée. Elles ont commencé dans l’incendie, elles finiront dans le froid et les ténèbres.

Suffit-il de dire : Cela durera toujours plus que nous ? Prenons ce qui est. Carpe diem. Qu’importe ce qui a précédé ! Qu’importe ce qui suivra ? avant et après nous le déluge ! » Non, l’énigme de l’univers est en permanence devant chaque pensée. L’esprit humain veut la déchiffrer à tout prix. Laplace était sur la voie, en écrivant ces mots : « Vue du soleil, la lune paraît décrire une suite d’épicycloïdes, dont les centres sont sur la circonférence de l’orbe terrestre. Pareillement, la terre décrit une suite d’épicycloïdes, dont les centres sont sur la courbe que le soleil décrit autour du centre de gravité du groupe d’étoiles dont il fait partie. Enfin, le soleil lui-même décrit une suite d’épicycloïdes dont les centres sont sur la courbe décrite par le centre de gravité de ce groupe autour de celui de l’univers. »

« De l’univers ! » c’est beaucoup dire. Ce prétendu centre de l’univers, avec l’immense cortège qui gravite autour de lui, n’est qu’un point imperceptible dans l’étendue. Laplace