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Ont-elles continué leur voyage ? Leur est-il possible de s’arracher aux étreintes de la terre et de passer outre ? L’attraction est donc confisquée ? Quoi ! Cette vague effluve cométaire, qui fatigue la langue à définir son néant, braverait la force qui maîtrise l’univers !

On conçoit que deux globes massifs, lancés à fond de train, se croisent par la tangente et continuent de fuir, après une double secousse. Mais que des inanités errantes viennent se coller contre notre atmosphère, puis s’en détachent paisiblement pour suivre leur route, c’est d’un sans-gêne peu acceptable. Pourquoi ces vapeurs diffuses ne demeurent-elles pas clouées à notre planète par la pesanteur ?

« Justement ! Parce qu’elles ne pèsent pas, dira-t-on. Leur inconsistance même les dérobe. Point de masse, point d’attraction. » Mauvais raisonnement. Si elles se séparent de nous pour rallier leur corps d’armée, c’est que le corps d’armée les attire et nous les enlève. À quel titre ? La terre leur est bien supérieure en puissance. Les comètes, on le sait, ne dérangent personne, et tout le monde les dérange, parce qu’elles sont les humbles esclaves de l’attraction. Comment cesseraient-elles de lui obéir, précisément quand notre globe les saisit au corps et ne devrait plus lâcher prise ? Le soleil est trop loin pour les disputer à qui les tient de si près, et dût-il entraîner la tête de ces cohues, l’arrière-garde, rompue et disloquée, resterait au pouvoir de la terre

Cependant on parle, comme d’une chose toute simple, de comètes qui entourent, puis abandonnent notre globe. Personne n’a fait à cet égard la moindre observation. La marche rapide de ces astres suffit-elle pour les soustraire à l’action terrestre, et poursuivent-ils leur course par l’impulsion acquise ?