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cela ne vient pas de ce qu’il y ait moins d’intelligence d’un côté que de l’autre mais uniquement à l’éducation qui est donnée dans ces départements, aux habitudes qui y sont adoptées et donnent en quelque sorte une nouvelle éducation. Dans le Nord et dans l’Est toutes les pensées sont dirigées vers le travail industriel, les circonstances au milieu desquelles ces provinces sont placées excitent encore leur activité naturelle. Dans le Midi, au contraire, après une légère attention donnée aux affaires chacun se retire dans sa bastide, à l’ombre de sa vigne ou de son figuier, et passe le temps à boire, à fumer et à dormir. C’est comme cela, Messieurs, que le capital moral augmente et diminue.

Voyez la Hollande, avec ses villes et ses routes conquises sur la mer ; malgré les révolutions qui ont ébranlé sa puissance elle en a conservé une très-grande encore, parce qu’elle est restée attachée au travail. Voyez, au contraire, Venise, la reine de l’Adriatique, dont les escadres couvraient les mers dont le nom était respecté dans toutes les parties du monde, tant qu’elle conserva ses habitudes laborieuses et qu’elle tira sa force des capitaux dont disposaient ses négocians, et des besoins des autres peuples qui ne pouvaient se satisfaire qu’avec des produits sortis de ses manufactures ; Venise moderne, cette ville que l’oisiveté laisse pourrir dans les lagunes, est esclave elle appartient à l’Autriche. L’inaction, le découragement ont glacé ses habitans, qui vivent aujourd’hui dans la misère en se drapant dans la gloire de leur passé.