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qui se rallume si heureusement de nos jours. Les grands chemins se multiplient comme par enchantement. Sur plusieurs points la corvée est abolie ; la vaine pâture est repoussée ; la liberté du commerce des grains est réclamée. Les campagnes ont enfin obtenu un regard de leurs villes, et l’agriculture sort de l’état affreux où elle languissait depuis plusieurs siècles.

« Les économistes n’étaient, néanmoins, pas tous parfaitement d’accord sur le système de Quesnay. Ils s’entendaient sur les doctrines ; ils différaient d’avis quant aux applications. M. de Gournay, fils de négociant et négociant lui-même, fut le véritable auteur du fameux adage : Laissez faire et laissez passer ; c’est lui qui commença la guerre contre les monopoles et qui démontra avant tout la nécessité d’abolir les droits sur les matières premières. Quesnay, fils de cultivateur, avait tourné plus particulièrement ses regards du côté de l’agriculture, et c’est ainsi qu’il fut conduit à ses hypothèses ingénieuses sur l’influence de la production agricole, avec tout leur cortége de déductions, soit en ce qui touche l’impôt, soit par rapport au travail. M. de Malesherbes, l’abbé Morellet, Trudaine, le docteur Price, M. Josiah Tucker appartenaient à la nuance de Gournay ; Le Trosne, Saint-Peravy, Mirabeau le père, Dupont de Nemours suivaient de préférence les idées absolues de Quesnay. Mercier de la Rivière et l’abbé Baudeau, plus politiques et moins abstraits, penchaient vers la domination du pouvoir et voulaient l’investir presque exclusivement de la direction du mouvement social. Turgot