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au travail que les coups de bâton. Avec une si déplorable organisation vous concevrez sans peine que l’agriculture dut forcément suivre l’empire dans sa décadence.

Fort heureusement une nouvelle révolution dans sa constitution vint régénérer l’industrie agricole. Vous savez que vers la fin du grand empire, il y eut deux têtes pour commander un même corps ; l’une d’elles était à Constantinople et l’autre à Rome, et le Christianisme prêchait amour pour le travail et pitié pour les travailleurs. L’esclavage ancien se transforma en servage ; c’est-à-dire que les esclaves furent attachés à la glèbe, et qu’ils ne pouvaient être vendus qu’avec la terre dont ils étaient une des dépendances. C’était un commencement d’émancipation, et déjà l’homme put se considérer comme un meuble utile. Les travailleurs quoique vendus d’abord comme du bétail, s’attachèrent au sol qui les avait vus naître et qui les nourrissait, et l’habitude finit par leur donner des idées de propriété. Peu à peu ils surent réclamer certains avantages ; on leur accorda pour leur propre compte, d’abord un jour, puis deux et enfin, Dieu et la nécessité aidant, quelques-uns purent gagner de quoi se racheter. C’était déjà un grand pas que cette lueur d’amélioration, que cette liberté qu’on apercevait au loin bien loin sans doute ; mais enfin que l’on pouvait atteindre.

Nous voilà arrivés aux serfs censitaires, à ces embryons de fermiers, propriétaires des fruits de leur travail moyennant un cens payé au proprié-