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charrue qu’on allait chercher des consuls, parce que c’était alors le poste des hommes d’honneur. Il est facile de juger de la tendance de l’époque par les brillants écrits qui nous sont restés, et qui portent tous l’empreinte de cet hommage politique que ces vainqueurs intrépides rendaient à l’agriculture. Les lettres de Pline, l’éloquence de Cicéron, la poésie d’Horace et de Virgile, ont en cela une unanimité remarquable, et rendent pour l’agriculture une affection vive et bien sentie que nous ne retrouvons plus aujourd’hui. Si nous n’avons d’autres documents que ceux des belles-lettres, l’on pourrait croire que l’imagination de ces auteurs s’est fait une illusion complète ; mais comme je vous le disais, en commençant, il nous est resté des écrits spéciaux où la greffe des arbres, par exemple, et où l’éducation des bestiaux sont enseignées avec une rare exactitude ; et tous ceux qui ont lu Columelle, savent que ce n’est pas sans fruit que les plus habiles d’aujourd’hui, l’ont souvent consulté.

Plus tard survinrent d’immenses conquêtes, et avec elles ou plutôt après elles les hommes de loisir, c’est-à-dire les paresseux, car il faut appeler les choses par leur nom. Ce fut alors que les grands propriétaires, au lieu de dépenser leur intelligence pour améliorer leurs champs, coururent la perdre dans les villes. Chacun d’eux eut des intendants et ceux-ci des esclaves, véritables nègres blancs, qu’ils firent travailler à coups de bâtons. Or, Messieurs, vous le savez, ce n’est pas là le bon système, et c’est un triste encouragement